De nombreuses mesures ont d’ores et déjà été prises par le nouveau président pour assainir la situation économique et lutter contre la corruption.
Depuis son investiture, Alpha Condé, premier président guinéen démocratiquement élu, travaille sans répit.Visites officielles ou de travail dans plusieurs pays, rencontres avec les institutions internationales, l’heure est à la réalisation des promesses de campagne. Il a reçu, le 9 février, en compagnie du Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana, Thierry Tanoh, vice-président de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale. Celui-ci qui s’est engagé à aider la Guinée à relancer son économie, particulièrement dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, des banques et des mines, ainsi qu’à aider au développement du secteur privé via la PME et PMI, grandes pourvoyeuses d’emploi.
Les entreprises d’État, à commencer par Électricité de Guinée (EDG), sont également en voie de réforme. Le ministre de l’Environnement et de l’énergie, El- Hadj Papa Koly Kourouma, a annoncé un vaste programme pour EDG, qui doit à l’État quelque 100 milliards de francs guinéens (10,2 millions d’euros) d’impôts alors que ses infrastructures sont pour la plupart obsolètes et ses équipements, quasiment à l’abandon. Le Canada pourrait être le partenaire privilégié de la Guinée dans ce secteur.
En ce qui concerne l’agriculture et les mines, la Chine est sur les rangs. En visite à Conakry du 13 au 15 février, le ministre Chinois des Affaires Étrangères, a annoncé une aide à la Guinée de l’ordre de 150 millions de yuans (16,7 millions d’euros) assorti d’un prêt sans intérêts de 20 millions de yuans (2,2 millions d’euros). Il semblerait que la Guinée souhaite renégocier avec la Chine l’accord de partenariat signé avec le China International Fund en octobre 2009 et plusieurs accords de partage des ressources tirées notamment des hydrocarbures. Ce sont des équipes constituées par le milliardaire Georges Soros qui vont étudier les différents contrats. Une décision importante pourrait intervenir dans les prochains mois : l’acquisition obligatoire par l’État guinéen de 30 % minimum du capital social des entreprises qui interviennent sur son sol – et dans son sous-sol – quel que soit le secteur d’activité.
Dans le même temps, Vincent Bolloré, directeur du groupe du même nom, est allé voir, le 3 février, Alpha Condé. Depuis, Conakry bruisse d’une rumeur difficile à vérifier : le contrat qui lie l’État guinéen pour vingt-cinq ans depuis 2008 à Getma International, filiale de NCT Necotrans, pourrait être dénoncé de façon unilatérale. Pourtant, un projet est actuellement sur la table, représentant plus de 100 millions d'euros d’investissements pour trois phases principales : l'équipement du terminal à conteneurs, la réhabilitation des structures existantes, déjà réalisées et l'extension du terminal de 120 000 m2 qui devrait débuter ce printemps 2011.
Par ailleurs, le gros dossier auquel s’attaque Alpha Condé est celui de la lutte contre la corruption, la prévarication et les détournements de fonds. Après des années de gabegie, tous les problèmes ne se résoudront pas en quelques mois, mais il était important de constituer une autorité chargée d’enquêter dans les divers domaines concernés. C’est la raison pour laquelle le chef de l’État a signé un premier décret, le 8 février dernier, portant création d’un comité d’audit placé sous son autorité directe et totalement indépendant de toutes les institutions du pays. Il ne sera pas même subordonné au ministre chargé du contrôle économique et financier, avec lequel il n’aura que des relations de coopération. Les super-enquêteurs de ce comité seront chargés des procédures de contrôle de la « gestion des structures administratives, des entités et entreprises publiques ou mixtes ou des marchés dans lesquels l’État est partie contractante ».