Pourquoi l’équipe de handball du Qatar, qui doit organiser en 2015 le championnat mondial de cette discipline, a refusé de confronter, en Suède, l’équipe israélienne ?
Après avoir été désigné par la FIFA pour accueillir la Coupe du monde de football en 2022, une désignation entourée de soupçons de corruption, le Qatar a été une nouvelle fois choisi, le 27 janvier à Malmöe, en Suède, pour organiser le Championnat du monde de handball masculin en 2015. Une discipline où les joueurs qataris n’avaient jamais brillé par leur palmarès. Ce petit émirat riche en pétrole et surtout en gaz mène depuis des années une stratégie sportive agressive à travers laquelle il compte mettre ses royalties au service d’un rayonnement politique que sa petite taille ne le lui permettait pas.
A l’instar du choix du mondial 2022, celui du Championnat du monde de handball masculin en 2015, avait suscité beaucoup de mécontentement et d’incompréhension dans le monde sportif. Particulièrement au sein de la Fédération française de handball qui était la grande favorite. Commentant ce choix, Joël Delplanque, président de la Fédération française de handball (FFHB) n’a pas caché sa déception : « Pour moi, c'est invraisemblable ! A l'évidence ce n'est pas le meilleur dossier qui a gagné. Perdre comme ça au premier tour, alors que tout le monde a fait une ovation debout à nos joueurs venus présenter notre candidature, se faire renvoyer comme ça, c'est insupportable ».
Du côté des gagnants, la joie a bien entendu été de mise. « On a beaucoup de chance au Qatar parce que notre cheikh est un grand amateur de sport. Il aime le sport et son peuple, il fait tout pour son pays et ça passe aussi par le sport», a déclaré le président de la Fédération qatari de handball. Le Qatar semble être touché par la baraka. D’ores et déjà l’Emir du Qatar et son épouse lorgnent vers 2017 pour remporter l'organisation des Championnats du monde d'athlétisme en cette année !
Cette boulimie sportive, alimentée par la manne pétrolière, commence à agacer. On l’a constaté lors de la dernière campagne pour l’élection du président de la Fifa. Alors que tout le monde croyait que cette élection était une simple formalité pour reconduire l’inamovible Suisse Blatter dans son fauteuil de président, voilà que le Qatari Mohamed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique de football, entre dans la course en vue de prendre la place de son « bienfaiteur » suisse. Ce dernier a vigoureusement contre attaqué en mettant à profit la vigoureuse campagne contre son adversaire insinuant que le Qatar n’a pu arracher sa qualification pour le Mondial 2022 qu’en corrompant certains délégués. Le message était clair et l’émir du Qatar l’a vite compris. Bin Hammam a été contraint de se retirer sous les injonctions de son émir qui ne voulait pas de scandale. Blatter fut ainsi royalement reconduit dans son fauteuil le 1er juin.
L’enquête sur la corruption qui a entouré la désignation du Qatar comme pays organisateur du Mondial 2022 n’a pas encore dit tout et il est fort possible que l’organisation de cette coupe lui soit retirée.
Pendant ce temps un autre « scandale » pointe à l’horizon, concernant cette fois-ci la capacité du Qatar à organiser le Championnat du Handball en 2015. Voici ce qu’écrit à ce propos le site handsneys (Source : https://handnews.fr/2011/le-qatar-embarasse-lihf/) :
« Quatre ans avant la tenue de ces Championnats, le Qatar crée déjà le scandale. A l'origine, le Qatar a été invité par l'EHF au tournoi Open -19 européen masculin qui se jouait en Suède début juillet en parallèle de la Partille Cup. On peut discuter de l'intérêt d'inviter une nation non européenne à un tel évènement, mais après tout pourquoi pas.
Le hic, c'est qu'une autre nation non-européenne est traditionnellement invitée dans ce tournoi, comme souvent dans les tournois européens d'ailleurs : Israël. Et ce qui devait arriver arriva, le Qatar et Israël se sont retrouvé dans la même poule au deuxième tour. Leur confrontation directe sentait la poudre, car les deux nations ont rompu tout lien
diplomatique, mais ce match n'a jamais eu lieu ! En effet, les Qataris ne se sont jamais présentés sur le terrain et ils ont bien évidemment été exclus immédiatement du tournoi. » « L'histoire s'arrête là pour l'instant, poursuit ce site, cet échec rejaillit sur les organisateurs et surtout sur les fédérations européenne et mondiale. L'EHF peut bien sûr regretter son invitation … Mais après tout il s'agissait du pays organisateur du Mondial 2015, duquel on pouvait attendre un comportement plus raisonnable. L'IHF, par contre, devrait se poser plus de questions. Elle a attribué l'organisation du Mondial à un pays incapable de présenter son équipe à un match pour des motifs politiques. Il va falloir qu'elle obtienne des garanties sérieuses qu'aucun incident de ce type ne se produira durant les Championnats du Monde. D'autant plus que l'IHF a toujours été bienveillante avec Israël (et ce même avec un Egyptien à sa tête).
On peut dire que rien n'est simple pour l'IHF. Après les difficultés financières de l'Espagne pour 2013, elle doit maintenant faire face aux problèmes politiques du Qatar pour 2015 ! »
La folie de grandeur qui a commencé à faire tourner la tête de l’Emir du Qatar, qui se se croyait, grâce à la redoutable machine médiatique Al-Jazeera, une chaîne financée sans compter et à pure perte par les royalties pétrolières de cet émirat de pacotille, risque de lui jouer de mauvais tours. Car cette chaîne qui se vante d’être la porte-parole des printemps arabes ne pouvait pas passer sous silence ce match avec l’équipe israélienne de handball au moment où l’armée israélienne « joue avec des balles réelles » avec les Palestiniens. Les adversaires de la politique ambiguë du Qatar (qui abrite la plus grande base américaine dans la région sans que les journalistes d’Al-Jazeera ne « s’en aperçoivent ») n’allaient pas manquer de relever ce « scandale ». La défection de l’équipe qatarie de handball est donc éminemment diplomatique et opportuniste. Elle est dûe également à l’analphabétisme géopolitique sportif des responsables qataris qui croyaient qu’Israël, à force de côtoyer ses dirigeants, fait partie du monde arabe et non de l’Europe, comme c’est le cas en raison du refus arabe de cet Etat tant qu’il continue à réprimer le peuple palestinien et à occuper son territoire..