Alors qu’il était jusqu’à présent considéré comme un modèle de démocratie et que les élections étaient toujours transparentes, le Bénin connaît à son tour les affres de la tricherie.
Dans l'attente des résultats initialement prévus pour mercredi 16 tard le soir ou au plus tard jeudi 17 mars, deux camps rivaux s'affrontent à coups de chiffres et contre-chiffres, mais aussi de pseudo-révélations sur les manoeuvres supposées de l'adversaire.
En début de soirée le 16, la tension est montée d'un cran devant le siège de la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans le quartier Ganhi à Cotonou. Plusieurs supporters du principal adversaire du président sortant se sont donnés rendez-vous en ce lieu, à la suite de rumeurs ayant circulé selon lesquelles une dizaine de camions transportant des urnes en provenance de la région du nord, dont est originaire le président-candidat Thomas Boni Yayi, seraient stationnés devant l'édifice.
Le problème, confie un membre du staff d'Adrien Houngbédji , c'est que les cantines ne sont pas sous scellés comme le recommande la loi électorale, et que leurs contenus ne sauraient être pris en compte. "Nous campons à tour de rôle ici depuis hier soir, et nous avons sollicité des huissiers pour venir constater les faits, qui sont graves, car il s'agit, dans ce cas précis, de tricherie". Face à la foule qui grossissait, vociférant des slogans hostiles au chef de l'Etat sortant, les forces de l'ordre ont dû intervenir pour disperser les pro-Houngbédji et les tenir à bonne distance.
Si la tension est aussi vive, c'est que si ces voix en provenance du nord, fief de Boni yayi n'étaient finalement pas prises en compte, c'est l'ambition du sortant de passer dès le premier tour qui prendrait un sérieux coup. Il n'était pas possible, dans l'immédiat, de joindre le porte-parole du camp présidentiel, Marcel De Souza, qui martèle depuis hier que son candidat aurait recueilli suffisamment de suffrages, aux alentours de 54%, pour éviter un second tour où il aurait eu alors à affronter une opposition davantage coalisée. Le camp Houngbédi, quant à lui, dit détenir des résultats indiquant que le candidat de l'UN (Union fait la Nation) serait en tête du premier tour, avec 46 % des voix contre 44 au président sortant.
La pression monte sur la Cena et son président, qui se réfugient pour l'instant dans le mutisme