Le président burkinabè a démontré sa faiblesse vis-à-vis de l’armée
Alors que des premiers tirs éclataient dans l'enceinte du palais présidentiel et dans la caserne de la garde adjacente hier, jeudi 14 avril, vers 21 heures, Blaise Compaoré était discrètement évacué vers sa ville natale. Initié par de jeunes soldats qui réclamaient une prime de logement promise et non versée, le mouvement s'étendait rapidement à trois autres casernes, dont la plus importante du pays, située au centre de Ouagadougou.
Fin mars, la grogne avait eu pour cause l'emprisonnement d'autres militaires accusés de viol. Les protestataires s'en étaient pris à divers locaux, commettant d'importantes déprédations en ville avant de parvenir à libérer un certain nombre de leurs camarades détenus.
De toute évidence, Blaise Compaoré ne contrôle pas ou plus son armée, des rangs de laquelle il est pourtant issu. Au pouvoir depuis 24 ans, avec un mandat renouvelé il n'y a pourtant pas six mois, le chef de l'Etat semble usé. La campagne électorale a été morne et l'indifférence de la population pour les urnes s'est faite sentir à travers tout le pays, les électeurs semblant persuadés de l'inévitable victoire du sortant. Cette lassitude n'était peut-être qu'eau qui dort. Le président du Faso se souvient-il que c'est – dans un premier temps – pour des raisons similaires que le président ivoirien Henri Konan Bédié a été renversé, un 24 décembre au matin ?