Le « général de la jeunesse » appréhendé à son domicile du quartier Riviera II.
Après Laurent Gbagbo, c'était Charles Blé Goudé qui était devenu l'homme le plus recherché de la Côte d'Ivoire. Il a finalement été appréhendé à son domicile du quartier Riviera II, quand tout le monde le croyait au village. Fidèle à son mentor jusqu'à ses derniers instants, il n'était pourtant pas avec lui dans le "bunker" de la résidence présidentielle, alimentant ainsi les rumeurs selon lesquelles il préparait une riposte armée en direction du président Alassane Ouattara.
Né le 1er janvier 1972 à Niagbrahio (centre ouest de la Côte d'Ivoire) il serait titulaire d'une licence d'anglais et aurait interrompu ses études en gestion en Angleterre pour regagner son pays au moment de la tentative de coup d'Etat de 2002. Ancien leader de la Fédération étudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (fesci), comme l'avait été juste avant lui Guillaume Soro, il possèdait autant de charisme et de talents oratoires que ce dernier. Comme lui, il savait et pouvait mobiliser les foules de jeunes et de moins jeunes. Il avait mis ses capacités au service de Laurent Gbagbo, pas toujours pour le meilleur : on se souvient de ses harangues de 2004, lorsqu'il enjoignait ses partisans à s'en prendre aux Blancs en général et à la communauté française de Côte d'Ivoire en particulier, apelant au meurtre avec son fameux "A chacun son Français". Peu à peu, il avait transformé les "jeunes patriotes" qui le suivaient en bras armé pour des opérations coup de poing dans les rues et les quartiers, visant certaines ethnies en particulier. Surnommé le "général de la jeunesse" pour sa capacité à mobiliser et à commander, il avait été nommé ministre de la Jeunesse dans le gouvernement parallèle nommé par Laurent Gbagbo au lendemain de sa défaite électorale de décembre 2010.
Quoique toujours en charge d'entretenir l'enthousiasme dans le camp pro-Gbagbo, il s'était fait plus discret à mesure que l'armée fidèle à Alassane Ouattara progressait vers Abidjan, puis vers la résidence de Laurent Gbagbo. Comme ce dernier, il devrait répondre devant un tribunal – probablement international – de son attitude et des responsabilités qu'il a pu prendre durant toute la période de crise.