Laurent Gbagbo a été conduit au quartier général de son adversaire, Alassane Ouattara.
L'image de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo arrêté et humilié, ainsi que son épouse, dans une chambre de l'hôtel servant de quartier général au président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, a fait le tour du monde, jetant une tache indélébile sur la prise de pouvoir effective de Ouattara.
Si le débat sur l'identité du vainqueur de la présidentielle du 28 novembre était définitivement clos après la réaffirmation fin mars de la victoire de Ouattara par le panel des chefs d'État désigné par l'Union africaine, les bombardements massifs des forces françaises et onusiennes sur la résidence présidentielle, qui ont contraint l'ex-chef de l'État accroché au pouvoir de se rendre, et le traitement indigne dont le captif a été victime, risqueront de peser lourd sur la suite des événements.
Gbagbo a certes été arrêté, mais non sans avoir relevé le dernier pari qu'il s'était lancé, à savoir, démontrer à la face de ses compatriotes, que son adversaire était bien "le candidat de l'étranger" qu'il avait pourfendu tout au long de la campagne électorale. L'intervention militaire directe de la France qui, selon diverses sources, serait à l'origine de la capture de l'ancien président et de sa remise aux forces de son adversaire, a en effet, servi Gbagbo désormais considéré par ses partisans et ses admirateurs sur le continent africain, comme une victime du néo-colonialisme français.
Vainqueur dans les urnes, Ouattara a été installé au pouvoir par la force des armes et essentiellement par des forces spéciales françaises, ce qui entache la légitimité du nouveau président qui a en outre raté son entrée en laissant faire l'humiliation de son prédécesseur. Pour réussir la réconciliation nationale à laquelle il a exhorté ses compatriotes dans son premier message à la nation après l'arrestation de Gbagbo, Alassane Ouattara devra rapidement mettre un terme aux humiliations et vexations opérées contre le camp de l'ex-président par des forces se réclamant de lui.