Capitulation ? Non. Laurent Gbagbo serait simplement décidé à prendre Alassane Ouattara comme Premier ministre
En ce jeudi 7 avril, Laurent Gbagbo est toujours dans sa résidence bunkérisée d'Abidjan-Cocody, à partir de laquelle il résiste farouchement, jusque-là avec succès, aux assauts répétés des Forces républicaines ivoiriennes pro-Ouattara épaulées par les soldats français de l'opération Licorne et de la mission onusienne en Côte d'Ivoire. C'est tout le contraire du schéma présenté dès mercredi 6 par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui affirmait que Gbagbo était en train de négocier sa reddition et qu'un document devant l'entériner était près d'être signé par le président sortant.
Qu'il soit en surface ou dans un souterrain, un boulanger est un boulanger. De son bunker protégé par une horde de troupes d'élites majoritairement membres de son groupe ethnique et de mercenaires, notamment angolais et libériens, selon diverses sources, Laurent Gbagbo a gagné un temps précieux, en laissant croire aux diplomates de cette France qui venait, la veille, de réduire les moyens militaires de son armée par des frappes dévastatrices, qu'il était sur le point de se rendre. Son conseiller diplomatique et ministre de son gouvernement en charge des Affaires étrangères, s'était rendu à la résidence voisine de l'ambassadeur Jean-Marc Simon, pour annoncer que le camp Gbagbo voulait un cessez-le-feu, et était prêt à négocier, se gardant bien de révéler sur quoi porterait la négociation. Pour le chef de la diplomatie française, requinqué par cette précipitation des événements, il n'y avait plus de doute: Gbagbo, acculé, encerclé, demandait à se rendre. Rapidement, l'ambassade à Abidjan mettait en branle le véhicule, de marque mercedès, qui devait se charger de récupérer le résistant anti-français d'Abidjan, pour le conduire dans la résidence de l'ambassadeur, au milieu des caméras…
La France attendra en vain que l'encombrant voisin sorte de sa cachette avec drapeau blanc de capitulation et document écrit de renonciation au pouvoir. Il se trouve que Gbagbo voulait certes négocier, mais non pas sa reddition comme attendu par ses adversaires, mais plutôt son maintien au pouvoir contre la promesse d'un partage du pouvoir devant faire de Ouattara, son premier ministre. Depuis le déclenchement, il y a quatre mois, de la crise post-électorale en cours, c'est cette position que défendent Gbagbo et son camp, qui aiment à rappeler que de telles options ont été appliquées au Kenya ou au Zimbabwe et que, par conséquent, il n'y avait pas à soumettre la Côte d'ivoire à un règlement différent.
S'étant rendue compte des manoeuvres de Gbagbo pour gagner du temps, le chef de la diplomatie française ne se hasarde plus à annoncer le caractère imminent de la capitulation, "dans les toutes prochaines heures", se bornant à indiquer, que sa chute interviendra "inéluctablement". Une formule toute en sagesse, Gbagbo ayant décidé de résister jusqu'au bout.