Des tirs à l’arme lourde se poursuivaient, en milieu de journée, autour du Palais présidentiel du quartier administratif du Plateau, ainsi que dans le secteur de la résidence présidentielle de Cocody, où se sont regroupés les derniers soutiens de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.
Des tirs à l'arme lourde se poursuivaient, en milieu de journée, autour du Palais présidentiel du quartier administratif du Plateau, ainsi que dans le secteur de la résidence présidentielle de Cocody, où se sont regroupés les derniers soutiens de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Les forces républicaines de Côte d'Ivoire (essentiellement des soldats de l'ancienne rébellion de Soro Guillaume rejoints par des déserteurs de l'armée régulière) qui ont reconquis en 72 heures pratiquement toute la partie du sud longtemps aux mains de l'ex-chef de l'Etat, sont désormais à la recherche de Laurent Gbagbo, dont on n'est sans nouvelles depuis trois jours. Certaines sources le disaient enfermé dans sa résidence, attendant un signe du ciel, au milieu d'intenses prières qui avaient pris le pas ces derniers jours sur toute approche rationnelle des événements, tandis que d'autres l'annonçaient en fuite, avec son épouse Simone, qui aura guerroyé jusqu'au bout pour sauver son fauteuil.
La guerre éclair lancée par les forces pro-Ouattara, simultanément sur trois fronts, a pris de court le camp Gbagbo. Dès mardi, selon nos informations, le chef d'état-major de l'armée, le général Philippe Mangou avait réuni les différents chefs militaires pour faire le point de la situation militaire avec Laurent Gbagbo. Mangou, avec force détails, avait alors indiqué au chef de l'Etat sortant, que son armée n'était pas en mesure de faire face à la puissance de feu de l'adversaire, nettement mieux équipé et manifestement appuyé par une ou des puissances extérieures. Le chef d'état-major recommandait fermement au chef suprême des armées, de rendre le tablier. Selon nos informations, l'épouse du président sortant, Simone Gbagbo aurait opposé un refus catégorique à cette exhortation, soutenue dans cette démarche par quelques caciques présents. Pour elle, il n'y avait pas à se fier aux renseignements généraux, ni à s'alarmer outre mesure: "les rebelles ne peuvent pas arriver jusqu'à Abidjan". La décision est alors prise, de faire appel rapidement aux jeunes patriotes, qui avaient déjà sauvé le régime en 2002, pour contourner les généraux peu enclins au combat. les jeunes qui s'étaient fait inscrire massivement sur les fiches d'enrôlement militaire, à l'appel de leur chef, Blé Goudé, sont invités dès le lendemain pour suivre la formation militaire nécessaire avant de se rendre au front.
Mais, il est déjà trop tard. Ce jour-là, l'armée pro-ouattara déjà maître de la grande cité de Daloa au centre-ouest bété (ethnie du président Gbagbo) vient de prendre la capitale politique, Yamoussoukro, et fonce droit sur Abidjan, pratiquement sans résistance sérieuse des forces pro-Gbagbo prenant la fuite dès l'annonce de l'arrivée des troupes de Soro Guillaume. Dans la nuit de jeudi, Abidjan est déjà encerclée par les pro-Ouattara.
La télévision d'Etat, sur laquelle Gbagbo entendait s'exprimer pour appeler ses partisans à la résistance, est prise par les forces pro-Ouattara. Un à un, les généraux se rendent, certains, comme le commandant des forces terrestres, Detoh Letoh Firmin, directement au Golf Hôtel résidence présidentielle de Ouattara et de son gouvernement depuis la proclamation litigieuse des résultats de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, d'autres se réfugient dans les ambassades, comme le chef d'Etat major Philippe Mangou, d'autres encore se mettent sous protection onusienne.
Ce vendredi matin, pratiquement tous les généraux et les principaux chefs militaires du pays ont fait allégeance au président Alassane Ouattara, et les hommes de troupes se terrent tous chez eux. l'unique caserne ayant opposé une vive résistance, le camp de gendarmerie d'Agban, était en voie d'être neutralisé, tandis que les jeunes patriotes armés et divers autres miliciens et mercenaires à la solde de l'ancien régime, livrés à eux-mêmes, s'adonnaient à des pillages et à des scènes de violences.
Où se cache Gbagbo Laurent? Comment l'y déloger? Est-il encore en vie? Telles sont les questions de l'heure en Côte d'ivoire, où la bataille d'Abidjan tant redoutée, a pour l'instant tourné à l'avantage d'Alassane Ouattara, qui a décrété un couvre feu jusqu'à dimanche et fermé les frontières du pays. La chasse à l'homme est ouverte, pour dénicher les fuyards et les derniers soutiens de Gbagbo qui, il y a encore quelques jours, faisaient la pluie et le beau temps.