Le grand port exportateur de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial, est désormais sous contrôle du président élu.
Après la capitale politique, Yamoussoukro, c'est au tour du port de San Pedro d'être passé sous le contrôle du président élu, Alassane Ouattara. C'est une prise importante sur le plan économique et financier. Géré par le groupe suisse Mediterranean Shipping Company, il exporte 60 % de la production cacaoyère ivoirienne, ainsi que du bois et du caoutchouc. Un nouveau terminal à conteneur, doté d'un kilomètre de quais de transbordements, est développé depuis 2008, érigeant cette structure portuaire, relativement modeste jusqu'alors, en véritable concurrent des grand ports de la côte occidentale de l'Afrique. C'est donc l'un des poumons économiques du pays qui est désormais sécurisé, rassurant d'autant les opérateurs ainsi que les planteurs de cacao, que les déclarations de Laurent Gbagbo, annonçant la nationalisation de toutes les concessions, avaient quelque peu inquiétés.
Depuis le palais présidentiel d'Abidjan, Laurent Gbagbo a appelé à un cessez-le-feu, mais le président Ouattara et son entourage ne semblent désormais plus disposés à se faire "rouler dans la farine" comme pas le passé par une manoeuvre dilatoire, qui n'aurait d'autre objectif que de bloquer à nouveau la situation. Ils se sentent en cela soutenu par la résolution votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, imposant de lourdes sanctions à Laurent Gbagbo et à son clan.
Le Premier ministre Guillaume Soro a toutefois offert à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir très vite, évitant par ce geste de faire couler le sang des Ivoiriens dans une guérilla qui mènerait à la prise d'Abidjan. Cela semble malheureusement peu probable, la seule réponse à cette offre ayant été un autre bombardement du quartier d'Abobo, pro-Ouattara, qui a fait encore une trentaine de morts et, le 30 mars, le mitraillage d'une voiture d'escorte de l'ambassadeur de France. La "bataille d'Abidjan" semble hélas inévitable.