Attendue comme devant marquer un nouveau départ pour l’Union africaine (UA), la commémoration, les 24 et 25 mai à Addis-Abeba, du cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) n’a accouché, en définitive que de discours incantatoires sur l’avenir prometteur de l’Afrique, et de nouvelles annonces dont on peut douter de la réalisation à court terme.
Surfant sur les idées très en vogue de la forte croissance économique africaine qui en ferait une locomotive de l’économie mondiale, les dirigeants du continent se sont laissé convaincre que le temps de l’Afrique est venu, alors même que ladite croissance ne s’est pas produite par un développement humain impressionnant. L’essentiel des pays les moins avancés du monde se trouve toujours en Afrique, et le sera pour de nombreuses années encore.
Le sommet du cinquantenaire a surtout donné l’occasion de mesurer le chemin très long qui reste à parcourir pour entendre l’Afrique parler d’une même voix. La résolution accusant la CPI de « chasse raciste dirigée contre les Africains » n’a pas été approuvée par tout le monde. Deux pays – la Gambie et le Botswana – ont émis des réserves, et en privé d’autres États manifestaient leurs distances avec ce texte, du reste non contraignant.
Sur la situation en Centrafrique, au Mali, et à Madagascar, les positions officielles de l’UA ne reçoivent pas l’assentiment de tous les chefs d’État. La fameuse force en attente de l’UA ne mobilise plus, beaucoup d’État traînant les pieds. Conséquence : le projet est momentanément en veilleuse, au profit d’une force de réaction rapide à laquelle seulement trois États (Afrique du Sud, Botswana et Éthiopie) ont promis apporter des contributions. Plusieurs instruments juridiques comme la charte de la démocratie et de la bonne gouvernance, pourtant signée par les États membres de l’organisation, ne sont pas prêts d’entrer en vigueur, faute de ratifications suffisantes. Les observateurs sont repartis d’Addis-Abeba, avec le sentiment que l’UA est encore loin de faire avancer le processus d’unification du continent pourtant proclamé par ses textes fondateurs.