La résistance des insurgés, mal organisée et dépourvue de chefs, peine à conserver les villes acquises. Ras Lanouf a été perdue. Pendant ce temps, les organisations internationales hésitent sur la conduite à tenir.
Le sommet de l'Union Européenne (UE) unanime a réclamé le "départ immédiat de Kadhafi" sans se donner les moyens d'atteindre cet objectif. Il s'est divisé sur l'option militaire, soutenue par la France et la Grande Bretagne, mais rejetée par l'Allemagne et l'Italie qui la considèrent comme "prématurée".
Les trois variantes de cette option : intervention directe au sol, frappes ciblées ou création d'une zone d'exclusion aérienne ont été soumises à l'obtention d'un mandat des Nations Unies et l'accord de la Ligue arabe et de l'Union africaine, en plus de l'évaluation de l'opportunité de leur mise en oeuvre par les pays concernés.
L'Union africaine a rejeté toute intervention militaire directe. La Ligue arabe se réunit samedi 12 mars pour discuter du dossier libyen, après avoir suspendu Tripoli de la totalité de ses organisation. "Que la Ligue arabe et les Arabes aillent se faire foutre, plus aucun Arabe ne foulera jamais le sol libyen", a répliqué, dans son langage fleuri, le fils aîné de Kadhafi, Seif El Islam.
L'UE a cependant décidé d'établir le contact avec le Conseil national de transition, qui dirige l'insurrection, sans le reconnaître officiellement pour l'instant. Seule la France l'a reconnu et a décidé de déléguer un ambassadeur auprès de lui. Cette décision a été suivie par la "suspension" par Tripoli de ses relations diplomatiques avec Paris.
Les Etats-Unis continuent pour leur part dans leur valse-hésitation, faisant un pas en avant et deux pas en arrière. Le président Barack Obama semble s'être rallié à son chef du renseignement national, qui lui a recommandé la prudence estimant que le "Guide de la Révolution" avait encore les moyens de remporter la guerre.
Il a néanmmoins appelé à nouveau au "départ immédiat" de Kadhafi et réaffirmé que "toutes les options étaient sur la table" pour le faire partir.
Sur le terrain, les troupes régulières continuent à pilonner la ville stratégique de Ras Lanouf, mais leur progression vers l'est est freinée par la résistance des insurgés, qui est pourtant très mal organisée et manque cruellement de chefs militaires. Alors que Seif El Islam avait promis que son armée arriverait à Benghazi jeudi 10 mars, vendredi 11 au soir elles piétinaient encore autour de Ras Lanouf.
A l'ouest, les rebelles occupent toujours Misrata et plusieurs villes dans les montagnes du Jabal Gharbi, mais il ont dû abandonner Zaouiya, soumise depuis une semaine à un déluge de feu. La ville, désertée par ses habitants, dont un grand nombre se sont réfugiés en Tunisie, offre le visage d'une ville fantôme, dont le rues sont jonchées de cadavres et où même la mosquée a été éventrée par des obus.
Benghazi a, pour sa part, défié à nouveau le "Guide" vendredi 10 mars lors d'une manifestation d'une dizaine de milliers de personnes qui ont demandé la "chute du régime" et crié leur détermination de se "battre à la vie à la mort" pour le renverser.