Courtenay Griffith s’en est pris à l’institution judiciaire en général, l’accusant de « néo-colonialisme »
Charles Taylor, qui a déjà récusé de nombreux avocats, semble en avoir trouvé un à sa mesure. Courtenay Griffith a en effet clos sa plaidoirie d'aujourd'hui 9 mars par une violente diatribe à l'encontre de l'institution judiciaire elle-même, l'accusant d'avoir transformé le procès de son client en une tribune prônant une forme contemporaine de néocolonialisme. Il appuie son propos notamment sur les télégrammes révélés par WikiLeaks, faisant état de remarques des diplomates américains en poste dans la région.
Me Griffith, né en Jamaïque, est un avocat londonien qui s'est forgé sa réputation en défendant des dossiers difficiles comme celui de l'attentat à la bombe chez Harrod's en 1983 ou encore les émeutiers des prisons de Dartmoor et de Risley. Excellent connaisseur de l'Afrique, il connaît parfaitement l'histoire particulière du Liberia, terre d'accueil des esclaves libérés des colonies américaines. Il est donc le défenseur idéal pour Charles Taylor.
Celui-ci fait face à onze chefs d'inculpation, dont le meurtre, le viol et le recrutement d'enfants soldats non dans son propre pays, mais en Sierra Leone, où il aurait armé, entraîné et protégé la rébellion conduite par feu Foday Sankoh contre le pouvoir du président Ahmad Tejan Kabbah. Il estime être aujourd'hui devant les juges uniquement parce que les Etats-Unis et la Grande Bretagne en ont décidé ainsi. En effet, depuis son départ du pouvoir, il bénéficiait d'un asile politique au Nigeria, près de Calabar.