Les partisans des deux prétendants au fauteuil présidentiel s’affrontent de plus en plus violemment. Le camp Gbagbo s’en prend également aux Casques bleus
La plus grande confusion règne en Côte d'Ivoire, où les forces de défense et de sécurité (FDS), fidèles à Laurent Gbagbo affrontent désormais quotidiennement des troupes des Forces nouvelles, l'ex-rébellion qui s'est désormais ralliée au président élu Alassane Ouattara. Dans le quartier d'Abobo, la population fuit les combats menés le plus souvent par les jeunes Patriotes, dirigés par Charles Blé Goudé et qui se sont organisés en "milices d'auto-défense" et tentent par tous les moyens d'empêcher les Casques bleus des Nations unies de circuler dans la ville. Ils ne se contentent malheureusement pas de manoeuvres d'intimidation, mais ciblent également de façon violente tous les Dioulas, que leur appartenance ethnique rapproche davantage du président Ouattara que de Laurent Gbagbo. La coupure de l'antenne de la Radio télévision ivoirienne (RTI) est l'un des dommages collatéraux de ces affrontements.
Les déplacements de population, conséquence des pillages et des combats de rue, n'ont rien à voir avec ce qui se passe dans l'ouest du pays, et notamment depuis le 27 février, dans la région de Toulepleu. Là, on pourrait plutôt reparler de guerre civile, la même qui avait opposé en 2002 et, surtout, en 2003 les forces rebelles du MJP (Mouvement pour la justice et la paix) et du MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du Grand ouest), dont le mentor était le général Guei, tué aux premières heures de la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 et les forces gouvernementales. Dans cette région de collines, les rebelles n'ont jamais été désarmés. Leur mécontentement n'a jamais été pris en considération et il n'est donc nullement étonnant que nous assistions à une reprise des hostilités. En 2003, la prise de la grande ville de Man avait donné lieu à des combats acharnés, faisant plus d'une centaine de morts. Les mêmes scènes s'étaient répétées à Danané, près de la frontière libérienne. A cette époque, le Liberia voisin était lui aussi en proie à l'instabilité et des bandes de jeunes rebelles, sans foi ni loi et parfois ivres de mauvaise drogue, circulaient de part des autres de l'invisible frontière, prêts à toutes les exactions pour se distraire. Aujourd'hui, on assiste à un mouvement inverse : les Ivoiriens partent chercher refuge au Liberia. Pour le moment, ils sont hébergés dans les villages du comté de Nimba.