Le mécontentement grandissant de la population fait craindre le pire au Premier ministre, Meles Zenawi. Au point qu’il a décidé de prendre quelques mesures préventives et fermes.
Bouleversé par un rapport selon lequel 10 000 tonnes de café ont disparu (et les escrocs sont supposés être des membres de sa famille, notamment son épouse Azeb Gola), Meles Zenawi craint plus que jamais une crise, et a peur du vent de changement qui secoue les pays d'Afrique du Nord, le Soudan et le Yémen. L'Ethiopie a un taux de chômage de 40 %, un taux d'inflation de 33 %, compte 12 millions de personnes dans le besoin d’aide alimentaire, autant de données qui maintiennent l'Éthiopie dans le lot des pays les plus pauvres du monde. En dépit d’une croissance déclarée de 11 %, qui, à l’évidence, n’a pas de répercussion sur le quotidien des populations. Cette semaine, juste avant son départ pour la conférence sur la sécurité à Munich, Zenawi a tenu une conférence secrète avec des responsables de la défense et de la sécurité et a adopté un plan pour contrer toute éventuelle manifestation de protestation. Des soldats d'élite ont été transportés à Addis Abeba depuis sa région d'origine du Tigré. Dans la capitale, le mécontentement se fait sentir à cause, notamment, des fréquentes coupures d'électricité et de la pénurie d'eau.
Un autre souci pour Meles Zenawi est la situation tendue sur la frontière avec l'Erythrée et les "attaques terroristes" menées par divers groupes armés et soutenus par Asmara. Il espère que sa supériorité militaire (95 % des officiers supérieurs sont issue de son ethnie), le soutien de Washington et la faiblesse de l'opposition le protègeront des tumultes qu’ont connu des pays comme la Tunisie.