Quel bégaiement de l’histoire ! C’est devant Mamadou Sylla, alias Syma, président de la Cour suprême, qui l’avait condamné dix ans plus tôt pour tentative de déstabilisation du pays sous la pression de l’ancien autocrate Lansana Conté, que le premier président librement élu de Guinée, le professeur Alpha Condé (à droite sur la photo) a prêté son serment, le 21 décembre, dans une salle des congrès du palais du peuple archicomble.
« Moi, Alpha Condé, président de la République élu conformément aux lois, je jure devant le peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale. En cas de parjure que je subisse les rigueurs de la loi », a déclaré le président Condé, devant une assemblée constituée entre autres d’une dizaine de chefs d’État du continent, du Burkinabè Blaise Compaoré à qui l’on doit le processus ayant conduit à l’élection présidentielle démocratique tant attendue, au Sud-Africain Jacob Zuma.
Jour de gloire pour l’opposant historique à tous les régimes successifs en Guinée depuis un demi-siècle, le 21 décembre entrera-t-il également dans l’histoire comme celui de la renaissance de la Guinée ? C’est ce qu’a promis le nouveau chef de l’État à ses compatriotes, et c’est ce qu’attendent ses compatriotes, impatients de voir la Guinée sortir de la liste de ces pays riches aux populations pauvres. Pour Condé, les défis ne manquent pas et ne sont pas loin de ressembler à ceux de Sisyphe : réconcilier une nation divisée entre ethnies rivales, instaurer des règles de bonne gouvernance dans le pays, relever une économie exsangue, créer des emplois, fournir de l’eau potable, de l’électricité, des soins de santé dignes de ce nom, le tout en cinq ans… Ciel, que la liste est longue !