Tous les chefs d’Etats du panel sauf Blaise Compaoré, ont rencontré Alassane Ouattara au Golf Hôtel. Cela ne signifie nullement qu’une solution puisse être trouvée avant la fin du mois.
Quatre des cinq membres du panel de chefs d’Etats chargés par l’Union africaine de trouver une solution négociée à la crise en Côte d’Ivoire ont réussi à rencontrer Alassane Ouattara le 23 février dans l’après-midi. Idriss Déby Itno du Tchad, Jakaya Kikwete de Tanzanie, Jacob Zuma d’Afrique du Sud et Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie se sont rendus au Golf Hôtel pour cette « mission de la dernière chance » qui consiste à faire entendre raison, à égalité, au chef de l’Etat élu et au chef de l’Etat sortant. Le Burkinabè Blaise Compaoré, supposé présent aux côtés de ses homologues, n’a finalement pas rejoint Abidjan.
Le président mauritanien n’a pas hésité à parler de « sacrifices » indispensable à une sortie de crise. Quels peuvent-ils être ? Il n’est pas question de refaire une élection : trop long et, surtout, trop cher. La communauté internationale et les Nations unies en particulier refusent de dépenser un centime supplémentaire. Il est donc désormais question de partage du pouvoir. L’un des deux président pourrait occuper le fauteuil pendant deux ans, l’autre étant vice-président et vice-versa pour les deux ans suivants. On a vu ce système à l’œuvre au Burundi, où il a été plutôt efficace. Cela dit, la haine entre les deux Ivoiriens, que l’on dit tenace, devra être mise de côté… Est-ce seulement possible ?
« Ce n’est qu’une proposition parmi d’autres », a complété une source proche du panel, citée par l’AFP. En revanche, Gervais Kacou, ministre ivoirien des Affaires étrangères pour Alassane Ouattara a été clair sur ce sujet : « aucune proposition de ce genre n’a été faite ». Qui ment ?
Quant au fait que la rencontre du panel avec Alassane Ouattara n’avait pu se tenir, comme prévu, lundi 21 février, la raison en serait que ce dernier a voulu protester contre l’absence d’un représentant de l’Afrique de l’Ouest dans ce panel. Il a effectivement raison, les mentalités étant fort différentes d’une sous-région à une autre. C’est par ailleurs l’une des explications qui avaient été avancées à l’échec de la mission de Thabo Mbeki du temps où la partition de la Côte d’Ivoire empêchait la tenue de l’élection présidentielle.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) fait, quant à elle, toujours état de sa ligne « dure », menaçant de recourir à la force si une solution rapide – entendre : d’ici la fin du mois de février – n’est pas trouvée. Le président nigérian Goodluck Jonathan ayant (momentanément ?) réglé ses problèmes dans le nord du pays, il est effectivement un peu disponible pour envoyer ses troupes sous couvert de l’Ecomog. Il semble évident que la situation se tende, peut-être sous l’influence des événements en Afrique du Nord, qui échauffent les esprits : des affrontements très violents auraient fait plus d’une dizaine de morts dans Abidjan.