Dans les paragraphes 513 et 519 du pré-rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’Onu, il est question de « génocide » pour qualifier les crimes de guerre que l’armée rwandaise aurait, selon les auteurs, commis en 1996-1997, lors de l’évacuation des camps des réfugiés hutu en territoire congolais.
Inacceptable pour Kigali, qui en a fait un enjeu politique majeur : si ces paragraphes ne sont pas éliminés ou substantiellement modifiés dans le rapport définitif, à paraître début octobre, on doit raisonnablement présumer que le Rwanda mettra sa menace à exécution. Il retirera son contingent de casques bleus au Darfour. Le cas d’un arrangement est plus probable, car la définition juridique de « génocide » comporte une série d’éléments, en particulier la volonté préméditée d’extermination d’une communauté entière, qui fait ici défaut. Cet arrangement permettrait de poursuivre la recherche de la vérité historique et du rétablissement d’une paix durable dans la sous-région des Grands Lacs.
Ouvrir en revanche la voie à la catégorisation du « double génocide », pour le moins tendancieuse au regard de la définition juridique, n’œuvrerait pas en faveur d’une solution à la longue crise sous-régionale. L’argument du « double génocide » est la pièce maîtresse des négationnistes de tous bords, qui s’alimente de la théorie perverse d’un prétendu « troisième génocide », celui des populations congolaises dans la guerre démarrée en 1996.
L’Onu a reconnu le terme de « génocide » pour qualifier les événements de 1994 au Rwanda. Ne pas amalgamer tous les crimes, certes tous tragiques mais relevant d’intentions différentes, rendra plus facile la réconciliation de la politique avec l’Histoire. C’est un prélude indispensable à une vraie réconciliation encore à réaliser entre les diverses communautés et, par là, entre les États de la sous-région.