Les opposants au président Bozizé, saisi par l’ampleur de la fraude, préfèrent jouer la carte de la paix plutôt que de s’engager dans une lutte fratricide et incertaine.
A Bangui, la Commission électorale continue à dépouiller les bulletins de vote, mais dans l’indifférence générale. Le bruit court avec insistance depuis plusieurs jours : le président sortant est réélu. Dès lors, plus personne ne s’intéresse aux scores. Pas même les trois principaux candidats à s’être présentés contre François Bozizé, à savoir : l’ancien président déchu Ange-Félix Patassé, l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé et l’ancien ministre de la Défense, Jean-Jacques Demafouth. Occupée par la crise ivoirienne, la communauté internationale n’a jeté qu’un coup d’œil distrait sur le déroulement du scrutin. Peut-être est-ce pour cette raison que la fraude électorale a dépassé les prévisions les plus folles.
Désormais, c’est l’existence politique des candidats malheureux qui doit se jouer. Jean-Jacques Demafouth semble bien tirer son épingle du jeu. Son parti devrait franchir le seuil fatidique de représentativité de 5 % qui lui permet d’exister aux yeux de la loi. En revanche, Martin Ziguélé, issu du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), qui est aussi le parti de M. Patassé, devra probablement s’effacer au profit de ce dernier.
En dépit de quelques mouvements de colère de la population enregistrés au lendemain du scrutin, les rues de Bangui demeurent calmes. Aucun mot d’ordre de mobilisation ne circule plus dans l’opposition. Alors que l’opinion s’attendait à ce que les vaincus s’engagent dans des contestations massives des résultats, voire déposent plusieurs recours en annulation devant la Cour constitutionnelle, il semblerait que ceux-ci fassent volte-face et acceptent désormais un verdict qui, s’il n’est pas parfaitement régulier, demeure celui de la paix.