L’état de dégradation de l’économie et de la sécurité met le pays à deux doigts de la faillite et de l’implosion sociale.
Jeudi 31 mai 2012, à quelques jours de l’annonce de Standard & Poor’s reléguant la Tunisie à la note BB dans la catégorie spéculative, l’Institut National de la Statistique (INS) nous informe par un « communiqué laconique » que le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie a augmenté de 1,2 % aux prix courants durant le premier trimestre de l’année 2012, par rapport aux chiffres du 4e trimestre de l’année 2011.
Tous les secteurs ont contribué à cette croissance par l’augmentation de la valeur ajoutée par rapport au dernier trimestre 2011: 2,9 % la part de l’agriculture, 4,6 % pour les industries manufacturières, 20,4 % pour l’activité minière et 6,7 % pour les services marchands. A croire l’INS, le pays sort de sa récession et passant au vert avec un taux de croissance en « Glissement annuel » de 4.8 %. Tout baigne pour notre pays !
L’INS est une institution irréprochable, même si son directeur a été nommé par l’actuel gouvernement suite au limogeage abusif de l’ancien directeur général. Seulement, la présentation des chiffres et l’absence d’une analyse objective laissent croire qu’il y a manipulation et une communication tendancieuse.
Le plus ridicule dans cette histoire, après l’annonce de l’INS de ses derniers chiffres sur la croissance, Jebali demande à S&Poor’s de réviser sa notation de classement de la dette tunisienne : « les données ne sont plus les mêmes et l’agence doit revoir son appréciation en tenant compte d’un taux de croissance de 4,8 % au premier trimestre 2012 ». Ce gouvernement est invité à bien saisir la notion de notation souveraine. Le facteur croissance intervient peu ! La notation de la dette « notation souveraine » est l’appréciation du risque de solvabilité financière d’un pays. S&Poor’s a jugé la gestion calamiteuse du pouvoir en matière de sécurité, du chômage et de stabilité politique. Sur ces trois dossiers, la Troïka a échoué royalement.
Les spécialistes ne manqueront pas de dire que le gouvernement de la première transition a fait mieux pendant les deuxième et troisième trimestres 2011, avec respectivement 2.3 % et 1.4 %. En réalité, ce trimestre glorifié par le pouvoir est le pire trimestre avec -4,1 % par rapport au quatrième trimestre de 2010 et -3,7 % en glissement annuel, c’est-à-dire par rapport au premier trimestre de 2010. Voilà comment le pouvoir triche et trompe le peuple par omission !
Si notre économie est redressée, pourquoi ce gouvernement refuse-t-il de repartir cette richesse sur la masse laborieuse ? Pourquoi le pouvoir cherche-t-il à imposer une année blanche pour les augmentations, sachant que l’inflation est de 5,7 % ? Normalement et compte tenu des chiffres de la croissance annuelle annoncée et de l’inflation, l’UGTT doit revendiquer une augmentation d’au moins de 8 %.
Pourquoi le gouvernement oblitère l’inflation qui a atteint 5,7 %. Tous les secteurs ont été touchés par cette gangrène : les produits Tabac ont progressé de 9,8 %, l’alimentaire de (8,2 %), l’habillement et chaussants (7,7 %), restauration et hôtellerie (7,6 %), l’ameublement et l’équipement ménager (6,0 %), autres biens et services (4,4 %), le logement, eau, électricité et gaz (3,5 %), le transport (1,8 %) et enfin la santé (1,4 %).
Cet état de dégradation de l’économie et de la sécurité met le pays à deux doigts de la faillite et de l’implosion sociale. Le peuple est fatigué par tant de mensonges, d’amateurisme et d’incompétence. Ces épisodes de relâchement du pouvoir et de l’incapacité de redresser l’économie et l’autorité de l’État nous rappellent étrangement les derniers jours du gouvernement Mzali !
Source : https://mustapha-stambouli.blogspot.fr/2012/06/croissance-de-48-le-gouvernement-triche.html