La compagnie pétrolière Shell a reconnu sa responsabilité dans la pollution dramatique de la région du delta du fleuve Niger.
Condamnée, le 3 août, par la justice britannique à verser plusieurs centaines de millions de dollars aux communautés nigérianes du delta du Niger, victimes de pollutions majeures et constantes dues à des fuites de pétrole provenant d’installations appartenant à la Shell, la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise a reconnu sa responsabilité. Ces catastrophes ont privé des centaines de milliers de personnes des produits de la pêche dont elles vivaient et les a mises en danger sanitaire. Cet aveu répond aux plaintes déposées en Grande-Bretagne, notamment par la communauté Bodo. Défendus par le cabinet d’avocats britannique Leigh Day and Co, les plaignants exigent « des compensations adéquates immédiates », tandis que Shell affirme qu’elle va « payer des dédommagements en accord avec la loi nigériane », suivant en cela une procédure qui pourrait durer plusieurs mois.
La pollution dure depuis cinquante ans. Selon le rapport du 4 août dernier, du PNUE, l’agence de l’ONU pour l’environnement, le nettoyage pourrait durer trente ans. Le PNUE suggère de créer un fonds d’un milliard de dollars alimenté par les compagnies pétrolières et le gouvernement pour les cinq premières années d’assainissement. Shell a également reconnu avoir payé, en 1993, des militaires pour avoir accès aux sites pétrolifères et faire escorter les ouvriers de la firme américaine Willbros chargés de poser des pipelines. Le Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni (MOSOP) dirigé par Ken Saro Wiwa, écrivain et producteur d’origine ogoni, militant écologiste et prix Nobel alternatif en 1994, a mené pacifiquement la lutte contre Shell, mobilisant jusqu’à plus de 300 000 personnes. Le 10 novembre 1995, Ken Saro-Wiwa était exécuté par pendaison avec huit autres militants ogonis par le régime de Sani Abacha. Shell avait, alors, été obligée de quitter l’Ogoniland mais ses pipelines, eux, continuaient de fuir.