L’ancien ministre de la Défense du régime d’apartheid est décédé
Ironie de l’Histoire, alors que Nelson Mandela fête en bonne forme ses 93 ans, honoré par des millions de sud-africains, l’ancien ministre de la Défense du régime d’apartheid, Magnus Malan, décédait à l’âge de 81 ans, dans la plus grande discrétion. Et pour cause. Magnus Malan qui avait commencé sa carrière militaire en 1950, était devenu chef des de l’Armée sud-africaine en 1973, chef des Forces armées sud-africaine en 1976, avant de devenir ministre de la Défense, de 1980 à 1991. Il doit alors quitté son poste, accusé d’avoir organisé le conflit fratricide entre le parti zoulou Inkhata et l’ANC dans la province du Natal, et de diriger des opérations des commandos de la mort contre des civils, généralement des cadres ou des militants de l’ANC. Il a servi les gouvernements de Pieter Botha et Frederik de Klerk. Il fut un défenseur acharné de la doctrine paranoïaque du « total onslaught », un « assaut généralisé » et un « complot mondial » contre une Afrique du Sud assiégée par le communisme (sud-africain et soviétique particulièrement) et les combattants de la liberté, d’une part, et, d’autre part, par la communauté internationale avec l’application des sanctions. Il fut l’un ce ceux qui appliquèrent avec zèle, en réponse, la notion de Total National Strategy, ou TNS, qui implique que, seule, l’action militaire est inopérante et qu’elle doit s’accompagner d’une action globale intégrant tous les domaines de la vie publique. En d’autres termes, le régime d’apartheid devient, à partir de la fin des années 1970, un régime militaire. Magnus Malan avait été « observateur » aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, dans le cadre de sa formation. A la tête des Forces armées sud-africaines, il fut l’homme des sales coups perpétrés par les services secrets, comme le débarquement (raté) de mercenaires aux Seychelles, en 1981, les assassinats de dirigeants ou militants de l’ANC, les massacres de masse, à Soweto, en 1984, notamment, et plus généralement des violences de l’armée dans les townships, de la guerre en Angola, en Namibie, au Zimbabwe, au Lesotho et au Mozambique. Il reconnut pour la première fois, en 1987, que les troupes sud-africaines soutenait les rebelles angolais de l’UNITA et qu’elles étaient également présentes dans ce pays pour combattre la SWAPO de Namibie et l’ANC. En 1986, alors que le gouvernement sud-africain décrétait l’état d’urgence national, il avait déclaré que les droits politiques n’étaient pas une préoccupation de la population noire. Bref, un acteur central du régime fasciste sud-africain, responsables de crimes contre l’humanité, qui aurait eu droit au Tribunal pénal international s’il n’y avait pas eu la Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud pour traiter des crimes de l’apartheid.