Les relations de la France et du Rwanda ne sont pas, dans les faits, aussi bonnes que ne le disent les diplomates.
La visite à Paris du président rwandais, reportée une première fois en mars, puis annoncée pour ce mois de juillet, n’aura pas lieu avant septembre au plus tôt, selon des sources diplomatiques françaises et pourrait même être annulée. En cause : la glaciation des rapports entre les deux États, qui avaient normalisé leurs relations après la visite à Kigali de Nicolas Sarkozy en février 2010 qui découle de la nomination au Quai d’Orsay d’Alain Juppé. Dans une interview à Jeune Afrique en mai dernier, Paul Kagame n’a pas caché que Juppé n’était pas le bienvenu à Kigali. À quoi, l’intéressé a rétorqué qu’il ne serrerait pas la main de Kagame et qu’il ne se rendrait pas à Kigali aussi longtemps que circulera un rapport rwandais de 2008 qui le met en cause durant le génocide. Il est notamment reproché à Alain Juppé, qui occupait les mêmes fonctions en 1994, d’avoir reçu le 27 avril de cette année-là (ainsi que le premier ministre Édouard Balladur et le conseiller de l’Élysée, Bruno Delaye), deux émissaires du gouvernement rwandais qui a orchestré le génocide.
Juppé est aussi accusé dans ce rapport d’un comportement « révisionniste » pour avoir évoqué la perpétration de « génocides » au pluriel et de son appartenance à un gouvernement qui a livré des armes avant, pendant et après le génocide à l’armée qui servait de bouclier aux tueurs. Du coup, les espoirs de relance de la coopération française sont en berne. Un financement de l’Agence française de développement aux PME rwandaises, consenti en mai dernier, risque d’être l’exception qui confirme la règle.