Au moins 71 personnes auraient été tuées et 36 autres blessées lors d’affrontements entre les tribus des comtés de Rumbek de l’Est et Rumbek du Nord dans l’État des Lacs…
« Au moins 71 personnes auraient été tuées et 36 autres blessées lors d'affrontements entre les tribus des comtés de Rumbek de l'Est et Rumbek du Nord dans l'État des Lacs », a affirmé David Marial Gumke, commissaire du comté de Rumbek de l'Est, cité par la radio Miraya FM, qui appartient à la Mission des Nations unies au Soudan (Minus).?Toutefois, le rapport officiel de l’Onu ne fait état que de 25 morts.
Précédant la proclamation du nouvel État indépendant du Sud, les affrontements meurtriers qui se multiplient dans les zones frontalières contestées, risquent de mettre en péril l’ensemble du processus de réconciliation laborieusement engagé depuis 2005.
Une porte-parole de l'Onu, Hua Jiang, a expliqué que 11 bombes avaient été larguées au Kordofan-Sud, dont cinq avaient explosé. Deux personnes ont été selon elle légèrement blessées après le bombardement de la piste d'atterrissage. Les combats étaient également intenses à Kadugli, la capitale de l'État, où les violences ont éclaté durant la première semaine de juin. Le Kordofan-Sud fait partie du Soudan, mais nombre des habitants, des monts Nouba, soutiennent les chrétiens et animistes du Sud face au Nord à majorité musulman et arabe. D’après Hua Jiang, quelque 60 000 habitants ont été déplacés par les violences, et l'Onu fournissait des denrées alimentaires et de l'eau à quelque 40 000 d'entre eux, avant de se retrouver dans l'impossibilité d'acheminer l'aide par avion. Mais alors que le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a accusé le Soudan de bloquer la distribution de l'aide au Kordofan-Sud par les voies aérienne et terrestre. Hua Jiang a précisé, de son côté, qu'une route avait été ouverte mardi aux Nations unies.
Des combats ont également éclaté mercredi à Abyei, autre point chaud de la région frontalière que l'armée du nord a envahie en mai dernier en représailles à des attaques de l’Armée sudiste. Un porte-parole des forces du Sud-Soudan, le colonel Philip Aguer, a affirmé que ces affrontements avaient fait des victimes, sans pouvoir fournir de bilan exact. En dépit des appels internationaux à un retrait, les troupes nordistes campent toujours à Abyei, terre fertile proche de champ pétrolifères et exigent de la part des forces sudistes une stricte application des engagements pris.
Cette montée des violences sur plusieurs fronts intervient moins d'un mois avant l'accession à l'indépendance le 9 juillet du Sud-Soudan à la suite d'un référendum organisé en janvier. Cette sécession sera le point culminant de l'accord de paix de 2005 qui a mis fin à la guerre civile ayant fait quelque deux millions de morts sur plus de deux décennies.
Malgré cette aggravation de la situation, représentants du Nord et du Sud-Soudan ont poursuivi leurs entretiens en Éthiopie dans l'espoir de trouver une issue pacifique.
Le ministre pour la Coopération régionale du Sud-Soudan, Deng Alor Kuol, a notamment déclaré que les forces du président Omar al-Bachir devaient se retirer sans conditions d'Abyei et autoriser la venue d'une mission éthiopienne de maintien de la paix chargée notamment de défendre les civils.
Les violences ont conduit le président américain Barack Obama à lancer un nouvel avertissement à l'adresse des dirigeants soudanais. Le chef de la Maison Blanche a estimé que Khartoum « devait prévenir une nouvelle escalade de cette crise en cessant immédiatement ses opérations militaires, y compris les bombardements aériens, les déplacements forcés et les campagnes d'intimidation ».
Si les dirigeants soudanais choisissent la paix, Washington prendra des mesures pour normaliser ses relations avec le Soudan, a souligné Barack Obama. Dans le cas contraire, des pressions et un isolement accrus attendront Khartoum, a-t-il dit.
À New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la cessation immédiate des violences pour permettre l'acheminement de l'aide au Kordofan-Sud, se disant « profondément préoccupé » par la détérioration des conditions de sécurité, a précisé mercredi le porte-parole Martin Nesirky.