Plusieurs révocations et « encouragements » à partir à la retraite traduisent la volonté de changement d’Alassane Ouattara. Les remplaçants arrivent de toutes les régions du pays.
Un mois après la chute de l’ancien président Laurent Gbagbo, quatre des barons qui avaient le contrôle des grandes institutions du pays ont été admis à faire valoir leurs droits à la retraite. Parmi eux, le très houphouétiste Laurent Dona Fologo. Ancien numéro 2 du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), son soutien à Gbagbo lui avait valu d’être à la tête du Conseil Economique et social (CES) depuis 2000. Arrivé au gouvernement dans les années 1970, Fologo cède sa place à un des ses camarades du parti, Zady Kessi, patron du consortium CIE-SODECI et Bété, comme Gbagbo. Cette décision, prise vendredi 13 avril, concerne aussi le président de la Cour suprême Tia Koné, le grand chancelier Yssouf Koné et deux conseillers constitutionnels nommés par Laurent Gbagbo. Tia Koné, lors de son allégeance à Alassane Ouattara mi avril, avait tenté de minimiser sa responsabilité dans les crises qui ont secoué le pays depuis 2000, parlant de « conjonctions d’erreurs ». Porté à la tête de la Cour suprême par la junte militaire après le putsch de 1999, Tia Koné avait la compétence de juge constitutionnel. Après avoir refusé les candidatures de Henri Konan Bédié du PDCI et de Ouattara, il était devenu le juriste à tout faire du régime. Son remplaçant, l’ancien ministre de la justice Koné Mamadou est un proche du premier ministre Guillaume Soro, qu’il avait d’ailleurs réussi à imposer à Gbagbo dans les gouvernements précédents. Alors que l’on commençait à s’interroger sur ce que deviendrait l’ancienne ministre Henriette Dagri Diabaté, « la tantie » du Rassemblement Des Républicains (RDR) le parti au pouvoir, elle vient de se voir confier la grande chancellerie. Le concert d’allégeances à Alassane Ouattara, dès l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, avait fait craindre dans l’opinion un changement dans la continuité. Les révocations de vendredi 13 mai annoncent plutôt une continuité dans le changement. Aussi, l’ancien Premier ministre « consensuel » Charles Konan Banny signe-t-il son retour sur la scène politique. Il présidera la Commission « vérité, dialogue et réconciliation ». Un détail à retenir : les nouveaux promus sont issus des quatre coins du pays, conformément à la volonté affichée du président de favoriser la réconciliation.