Photographe, peintre, cinéaste et graphiste, William Klein (photo) est l’un des artistes contemporains les plus complets. Iconoclaste, il défie les tabous et impose un style très personnel dans toutes ces disciplines. Son œuvre, qui s’étale sur plus de cinquante ans, a notamment marqué l’histoire de la photographie.Artiste éclectique et passionné, né à New York en 1928 de parents d’origine hongroise, Klein a débarqué en Europe alors qu’il servait dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Il étudie à la Sorbonne, fréquente l’atelier du peintre Fernand Léger. Mais il revient à la photo avec un livre sur New York, paru en 1950. « Un portrait chaotique et désordonné » dont a résulté un « brûlot d’une intensité et d’un dynamisme inégalés », écrit le centre Pompidou à Paris, à ce propos, à l’occasion de la rétrospective qui lui a été consacrée en 2005. Le cinéaste italien Federico Fellini le remarque et l’invite en 1956 comme assistant à la régie de Le Notti di Cabiria. De ce séjour en Italie, il tirera un autre livre de photos exceptionnel, Roma, grâce notamment à des guides qui ne le sont pas moins : Fellini, Pasolini, Flaiano, Moravia… Cette « fresque magistrale et puissante, ont souligné les critiques italiens, constitue une pierre angulaire de la culture visuelle et une référence pour tout photographe – outre un acte d’amour envers cette ville. »
Mais Klein est aussi un artiste engagé dans tous les combats de son époque : l’anticolonialisme, le racisme, notamment aux États-Unis, la guerre du Vietnam. Lorsqu’il décide de filmer en 1969, grâce au financement de l’Office national du commerce et de l’industrie cinématographique d’Alger, le premier Festival panafricain, Klein vient de réaliser avec Jean-Luc Godard, Jori Ivens, Agnès Varda et Claude Lelouch Loin du Vietnam, documentaire qui présente sept portraits différents des armées nord-vietnamiennes. À Alger, parallèlement au documentaire sur le Festival, il filme un autre mythe de l’époque, le leader des Black Panthers Eldridge Cleaver, en exil volontaire dans la « capitale du tiers-monde » pendant ces années où le mot « révolution » est sur toutes les lèvres.