Jeannette Bougrab va à l’encontre d’Alain Juppé, promoteur de l’islamisme « modéré ».
Alors que le péril islamiste est en train de faire tache d’huile dans le monde arabe, spécialement au Maghreb, avec la complicité active de la diplomatie française, Jeannette Bougrab, la secrétaire d’État française à la Jeunesse, vient de briser le consensus ambiant sur l’acceptation par l’Occident de l’islamisme light.?Pour les sceptiques, ce ne sont que des mots. Encore des paroles inquiètes portées par une femme, à la double origine qui, au passage, partage un siège dans le même gouvernement que Juppé, Guéant ou Morano. Pour les Maghrébins, modernistes et démocrates, qui s’interrogent sur le devenir de leur nation face à l’islamisme triomphant, ce sont des vérités bonnes à dire devant la mollesse des attitudes de l’Europe face à l’intégrisme. On aurait pu craindre également que Bougrab soit une Rachida Dati-bis, juste utile à donner une image cosmétique aux Arabes de France. Il n’en est rien.?Et si ce discours a un seul mérite, c’est bien celui d’exister. Car Bougrab vient de rappeler aux Spin Doctors du Quai d’Orsay, longtemps accommodants avec les dictateurs anti-islamistes, que la politique du pire existe aussi. Celle de la permissivité et de la complaisance face aux mouvements islamistes qui profitent de la démocratie pour mieux la tuer. L’assassiner à la sortie des urnes.?C’est ce qui guettait l’Algérie de 1992 et qui s’impose aujourd’hui en Tunisie, au Maroc et en Égypte et bientôt en Libye. C’est ce qu’Alger redoute certes, et que devraient craindre Paris, Washington ou Londres qui ne savent plus réagir face à ce phénomène post-révolution arabe.?Car, à force de tripoter les équilibres internes des États du Maghreb, d’encourager la démocratisation par la rue et les émeutes, à marginaliser les élites pro-occidentales, à affaiblir les États-nations face à l’obscurantisme, le résultat ne peut être que bénéfique aux adeptes de la salafia. Celle-là même qu’ils disent combattre pour protéger les valeurs de la démocratie car elle ne connaît que l’exclusion au lieu du multipartisme, la violence au lieu du débat, le terrorisme au lieu de la coexistence pacifique. ?C’est pour toutes ces raisons que les déclarations de Bougrab sont cruciales dans l’atmosphère de démission collective des démocraties face à l’islam politique. Et quand on constate l’intransigeance de Guéant devant ce phénomène pour la France, on peut se demander si Paris n’est pas devenu bipolaire.?
M. B. (Liberté)