Les divisions entre pays industrialisés et pays en développement apparaissent de façon cruciale.
Comme il fallait s’y attendre, pas plus à Copenhague en 2009, qu’à Durban où se déroule le 17ème sommet de l’ONU sur les dérèglements climatiques (COP17), la voix de 99% de la planète ne semble être entendue. De nouvelles divisions sont apparues dès le second jour. La Chine, contrairement à ce que les médias ont martelé avant la grande rencontre planétaire, soutient un renouvellement du protocole de Kyoto qu’elle n’a pas signé, comme les États-Unis mais pour des raisons différentes. Le chef de la délégation chinoise, Su Wei, a ainsi déclaré que le processus des négociations internationales sur le climat serait « mis en danger » si la conférence ne s’accordait pas sur une seconde phase du protocole.
Le protocole de Kyoto (COP3 1997) est un traité contraignant dont les puissances occidentales industrialisées, les plus polluantes depuis la révolution industrielle du 19ème siècle, ne veulent pas s’il ne s’applique pas de la même manière à tous. Ce qui est vécu comme une injustice et un manque de responsabilité flagrants par les pays en développement, particulièrement, qui souffrent le plus des conséquences de l’irresponsabilité des grands pollueurs. L’argument de la Chine est, d’une part, que les industries qui se sont développées chez elle sont, en grande partie, occidentales. D’autre part, elle estime que les immenses efforts faits par le pays en matière de réduction de gaz à effet de serre et de développement durable, ne sont pas suffisamment soutenus par les grandes compagnies implantées sur son territoire.
La proposition de l’Union européenne : gagner du temps, laisser faire
Désireux, comme à Copenhague, de jouer un rôle de leader et de damer le pion aux États-Unis, l’Union européenne sous la houlette de la France, a mis sur la table, dès le second jour, une proposition de calendrier pour un nouveau traité qui ne serait signé qu’en 2015, et entrerait en vigueur… en 2020. Ce traité imposerait à tous les pays des objectifs de réduction d’émission de CO2. C’est ça ou rien. Pour la Chine, selon un négociateur qui s’adressait à l’agence de presse française AFP, l’Europe en demande « trop » en souhaitant un « mandat » qui fixerait, dès aujourd’hui, un calendrier avec un traité signé en 2015 pour être appliqué en 2020.
La Chine et les autres pays émergents (Brésil, Inde, Afrique du Sud et Russie, les pays dits BRICS), ont, par ailleurs, rappelé qu’il existe déjà la « feuille de route de Bali ». Mise en place lors de la conférence de l’ONU, en 2007, la « feuille de route de Bali » est un accord adoptée par les participants et visant à relancer le processus global d’action contre le réchauffement climatique en y association les pays industrialisés et émergents. Il concerne, notamment, la déforestation, les transferts de technologies et la capture et le stockage du carbone. La « feuille de route » prévoyait, également, un certain nombre de fonds, dont le fonds d’adaptation au changement climatique, prévu par Kyoto, pour aider les pays en développement à faire face aux impacts négatifs, financé par un prélèvement de 2% sur les Mécanismes de développement propre (MDP). Il devait permettre aux pays industrialisés de financer des projets énergétiques « propres » dans les pays en développement et leur permettre de respecter leurs objectifs de Kyoto. La « feuille de route » de Bali est restée, en grande partie, lettre morte.
La seconde phase du protocole de Kyoto, après 2012, faisait partie du package de la « feuille de route ». « Maintenant, dit le délégué chinois, l’Union européenne parle de nouvelles conditions si on veut que ses membres s’engagent sur les objectifs d’un second Kyoto, ce n’est pas correct. Comment pouvons-nous abandonner cela pour, ensuite, essayer de s’engager sur un nouveau mandat ? Ce n’est pas une façon responsable de gérer la coopération internationale. C’est aussi une question de crédibilité et de confiance. »
Un climat de colère et d’indignation
Dès l’ouverture de la conférence de l’ONU, la colère et l’indignation se sont exprimées de façon forte. Une assemblée générale était organisée devant le centre de conférence, pour la mise en place d’une initiative Occupy COP17, à l’image du mouvement Occupy Wall Street, aux États-Unis qui s’est élargi à plusieurs villes ou site dans le monde. Organisés en groupes de réflexion, les protestataire étaient invités, dès le premier jour, à « discuter sur la façon de réagir au niveau international face aux dérèglements climatiques. Les entreprises privées ont pris notre place et prétendent nous représenter », peut-on lire dans l’appel. « Rejeter les structures qui ont permis que les famines, les inondations, les ouragans et les massacres s’amplifient sans cesse ». L’ancien président du Costarica, Jose Maria Figueres soutient le mouvement. « Il y a, sans doute, besoin d’un « Occupy Durban », a-t-il suggéré, « un sit-in des délégations des pays les plus touchés par les dérèglements climatiques par exemple. » Quelle qu’en soit la forme, il est certain qu’à Durban, les pays en développements, premières victimes de l’irresponsabilité des « grands », ne pourront plus se laisser mener en bateau et devront réagir fort et de manière visible pour empêcher toute manipulation. Il y a urgence, au vu du rapport remis par l’Organisation mondiale météorologique qui stipule que 2011 a été l’année la plus chaude, avec un refroidissement de La Niña et le 10ème record de température depuis que les premières observations, il y a 160 ans.