Manifestations et boycottage des élections, l’Afrique bouge.
Jugé souvent comme un « suicide politique » par certains, le boycott électoral est toujours d’actualité en Afrique. Au Maroc, à quelques jours des élections législatives du 25 novembre, plusieurs milliers de personnes manifestaient dans le centre de Casablanca et de Rabat, à l’appel du « Mouvement du 20 février ». « Je boycotte, donc je suis », disaient les banderoles. Né dans le sillage du printemps arabe et composé de radicaux islamistes, le « Mouvement » avait déjà appelé au boycott du référendum constitutionnel du 1er juillet dernier, dont les réformes proposées étaient jugées insuffisantes. « Voter ne changera rien dans le pays », estiment les partisans du boycott. En Côte d’Ivoire, le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo a annoncé qu’il ne participerait pas aux élections législatives du 11 décembre. « Les conditions minimales ne sont pas remplies », a déclaré Miaka Oureto président du Front populaire ivoirien (FPI) par intérim. « Nous ne participerons pas à une compétition dont les résultats sont connus d’avance ». Les petits partis alliés au FPI ont, néanmoins, déposé des candidatures au dernier moment et des candidats issus du FPI se présenteront en « indépendants ». Au Gabon, c’est l’ex-Premier ministre et membre de l’opposition qui a appelé, le 19 novembre, les électeurs à « rester chez eux » le 17 décembre, date des élections législatives. « Par ce geste, vous contribuerez à ce qu’il n’y ait pas d’élection valable ce jour-là, vous laisserez seul le PDG (parti démocratique gabonais au pouvoir) avec son ombre. » De même, le 2 novembre, Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé avait appelé les treize partis d’opposition et de la plate-forme de la société civile « Ça suffit comme ça » à « s’opposer et à empêcher l’organisation des élections ».
Au Liberia où l’adversaire d’Ellen Johnson Sirleaf, Winston Tubman avait lancé un appel au boycott des élections présidentielles du 8 novembre, la récente prix Nobel de la Paix, candidate de l’Unity Party a été élue avec 59,4% des voix face au seul parti resté dans la course, le Congress for Democratic Change qui a obtenu 40,6% des suffrages. 825,716 électeurs se sont rendus aux urnes contre 1.012.673 lors du premier tour contesté, le 11 octobre. Une faible différence, donc. En 2010, au Burundi, le boycott des élections présidentielles par les partis d’opposition qui avaient dénoncé des fraudes massives lors des élections communales précédente, avait permis au Conseil national pour la défense de la démocratie et des Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD d’obtenir une victoire écrasante avec 64% des voix. La politique de la chaise vide n’a pas encore fait ses preuves…et les chaises vides profitent toujours à quelqu’un….