Un mort et plus de 600 blessés dans des affrontements au Caire
La contestation en Egypte reprend de plus belle. Et la contestation aussi. Mais cette fois-ci contre la junte militaire qui dirige le pays depuis l’éviction de Hosni Moubarak. Les manifestants ne veulent plus changer que la révolution se traduise seulement par le changement de personnes et non de régime.
Comme du temps de Moubarak, ce sont les services de sécurité (al-Amn al Markazi), réorganisés après leur débandade, qui ont mené la répression. Au moins une personne a été tuée et 676 autres ont été blessées samedi 19 novembre au Caire au cours de violents affrontements entre manifestants et forces de police, selon le ministère égyptien de la Santé et des sources médicales. Ces affrontements ont commencé place Tahrir, au Caire, après la dispersion par les forces de l'ordre d'un sit-in mené par des blessés de la révolte du début d'année. Ils se sont intensifiés dans l'après-midi avec des charges de la police anti-émeute, qui a fait usage de gaz lacrymogènes, tandis que des dizaines de manifestants répliquaient en lançant des projectiles.
La police s'est ensuite retirée dans les rues bordant l'emblématique place du Caire, alors que les manifestants scandaient des slogans réclamant la chute du maréchal Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dépositaire du pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février. En début de soirée, le calme semblait revenu sur la place Tahrir, où des milliers d'Egyptiens étaient rassemblés, mais les tirs de gaz lacrymogènes ont repris, tandis que les manifestants répliquaient en lançant des pierres.
Un mort et 676 blessés
L'homme tué, identifié comme Ahmed Mahmoud, 23 ans, a reçu une balle dans la poitrine, a précisé un médecin sur la célèbre place Tahrir, foyer de la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak le 11 février dernier. Les affrontements ont en outre fait 676 blessés, a déclaré Mohamed Cherbini, porte-parole officiel du ministère de la Santé, cité par l'agence officielle Mena. Le ministère de l'Intérieur a de son côté affirmé que 40 policiers figuraient parmi les blessés.
Des médecins ont par ailleurs indiqué avoir prodigué des soins à plusieurs personnes touchées aux yeux par des tirs de balles en caoutchouc, précisant que certaines avaient été transportées dans des hôpitaux. Des internautes ont également rapporté sur Twitter que plusieurs militants avaient perdu l'usage d'un oeil et des vidéos diffusées sur YouTube ont montré des gens avec le visage ensanglanté ayant des blessures à l'oeil.
Un sit-in pour juger les policiers auteurs de violences au printemps
Le sit-in par qui tout a commencé, qui durait depuis plusieurs jours, réclamait que soient rapidement jugés les policiers et les dirigeants responsables des violences qui ont fait, selon des sources officielles, environ 850 morts et des milliers de blessés pendant les 18 jours de révolte. L'ex-président Moubarak, son ministre de l'Intérieur et des responsables de la sécurité sont actuellement jugés pour avoir ordonné aux forces de l'ordre d'ouvrir le feu sur les protestataires. Vendredi, les participants au sit-in avaient été rejoints par quelques-uns des dizaines de milliers de manifestants, en majorité islamistes, exigeant que l'armée transfère rapidement le pouvoir à un gouvernement civil.
Les premières élections législatives depuis la chute de Moubarak doivent débuter le 28 novembre pour s'étaler sur près de quatre mois.