Un revers commercial pour les marchands d’armes français
Après la Libye de Kadhafi, qui avait lui aussi refusé d’acheter des avions Rafale, ce qui avait agacé à l’époque Nicolas Sarkozy, c’est au tour des Emirats arabes unis de lui emboiter le pas. Le Brésil, qui avait exprimé son souhait d’équiper son armée de l’air de ces avions, semble hésiter.
Le refus des EAU, un pays supplétif des Etats-Unis mais qui avait accepté en 2009 l’installation d’une petite base militaire française sur son sol, et qui avait, au même titre que Qatar et la Jordanie, envoyé des avions de combat bombarder la Libye sous l’égide de l’Otan, porte un coup dur aux ambitions de l’avionneur français Dassault de vendre son joujou à un autre client que l’armée de l’air française. Il contrarie, au plus haut point, la diplomatie offensive de Sarkozy qui pensait ainsi monnayer son soutien stratégique aux Emirats arabes unis face à l’Iran par l’ouverture de ce marché aux marchands de canon français.
Pour éviter le pire, le président Sarkozy a décidé de dépêcher le chef de sa diplomatie, Alain Juppé, aux EAU. Réussira-t-il à persuader l’Emir d’Abou Dhabi de revenir sur sa décision ? Rien n’est moins sûr, surtout quand on sait à quel point ce confetti d’émirats est une chasse gardée des intérêts britanniques et américains.
La visite d’Alain Juppé ce samedi 19 novembre n'était pas prévue à son agenda, dans la foulée d'un déplacement jeudi et vendredi en Turquie, où il voulait essentiellement coordonner sa stratégie d’encerclement de la Syrie avec celle d’Ankara.
Selon le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, "le président de la République (Nicolas Sarkozy) a confié à M. Alain Juppé la mission de superviser le développement du partenariat stratégique majeur entre la France et les Emirats Arabes Unis, qui comprend naturellement la discussion sur le projet Rafale".
Le porte-parole français a rappelé "l'engagement de la France en faveur de la sécurité dans la région du Golfe", qui s'est traduit notamment par l'inauguration d'une base militaire française à Abou Dhabi en 2009.
En plus des Emirats, Alain Juppé se rendra du 19 au 22 novembre en Arabie saoudite, au Qatar, allié stratégique de la France, et enfin au Koweït.
"La France a fait le choix de renforcer ses relations avec les pays du Golfe qui sont de longue date des amis et des alliés de la France", a souligné Bernard Valero.
Aux Emirats, Alain Juppé participera à un séminaire sur la paix et la sécurité dans le monde arabe. Son déplacement dans la région sera aussi "l’occasion de consultations sur les questions régionales: printemps arabes, crise syrienne et appui aux pays en transition", a indiqué le Quai d'Orsay.
Le constructeur français Dassault et les Emirats négocient depuis des années la vente de 60 avions de combat multirôle Rafale, en service dans l'armée française mais qui n'a jamais trouvé acheteur à l'étranger.
Mais les Emirats ont douché mercredi les espoirs de Dassault de lui vendre son avion de combat Rafale, jugeant son offre "non compétitive" et ouvrant le marché à ses concurrents, l'européen Eurofighter et l'américain Boeing.