« Il n’y aura pas de base américaine « permanente » en Afghanistan », a déclaré récemment la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Pourtant, les négociations secrètes ouvertes depuis un mois entre les Américains et les Afghans, visant à un accord de partenariat stratégique qui inclurait une présence américaine au-delà de 2014, pourraient laisser penser le contraire. La phrase d’Hillary Clinton est suffisamment vague pour permettre une variété d’arrangements autres. Selon certains responsables de l’Otan, la guerre civile en Afghanistan pourrait continuer après 2014 et des troupes de la coalition pourraient très bien rester sur le terrain pour combattre aux côtés de l’armée afghane. Il est, également, prévu que des soldats britanniques resteront bien après 2014 pour « entraîner » les soldats afghans. Selon le correspondant du Guardian à Kaboul, Jason Burke, « il existe, au moins, cinq bases candidates pour accueillir des contingents de forces spéciales américains, des agents de renseignements, des équipements de surveillance et militaires après 2014. » Des bases d’une importance stratégique vitale aux yeux des États-Unis, étant « situées au cœur d’une des régions du monde les plus instables et près des frontières du Pakistan, de l’Iran, et de la Chine ainsi qu’à proximité de l’Asie centrale et du Golfe arabo-persique. » Ce qui filtre de ces négociations américano-afghanes ultra-secrètes inquiète la Russie et l’Inde, mais aussi la Chine qui aurait tenté de convaincre les Afghans de s’éloigner de Washington et de se rapprocher de Pékin comme partenaire stratégique. Préférant discuter sur leurs propres propositions, les Afghans ont rejeté le premier projet d’accord, « américain » et « trop vague », et invité les négociateurs à revenir à Kaboul à la fin du mois. « Nous sommes confrontés à la même menace des réseaux terroristes internationaux. Nous voulons un partenariat qui rassemble les pays de la région, et non qui les divise », a déclaré Rangin Spanta, le conseiller afghan pour la sécurité nationale qui dirige la délégation afghane. « Nous ne laisserons jamais l’Afghanistan être utilisé pour des opérations contre un pays tiers », a-t-il également assuré, insistant sur le respect de la souveraineté et de la constitution. L’Afghanistan a toujours été utilisé au cours de son histoire, au gré des intérêts des grandes puissances, « cette vision n’est plus possible au XXIe siècle », a déclaré, de son côté, Ashraf Ghani, l’un des négociateurs, ex-candidat à la présidence, soulignant que, si la « prospérité du pays » n’était pas la priorité des Américains, elle était bien « l’objectif » des Afghans.
Négociations secrètes : les Afghans posent leurs conditions
