Il semblerait qu’aucune des monarchies du Golfe, dont certaines sont absolues et absolutistes, n’échappera à la contestation populaire.
La révolte ne touche pas que les régimes républicains dans le monde arabe, comme s’en réjouissaient certains responsables américains cités récemment par le New York Times. Si la monarchie de Bahreïn pourrait devenir bientôt une monarchie constitutionnelle, les autres roitelets du Golfe risquent à leur tour de devoir rendre compte à leur population.
Déjà, dans le paisible sultanat d’Oman qui avait dans les années 1960 et 1970 connu une guérilla marxiste-léniniste à Dhofar, la grogne sociale s’étend. Deux manifestants ont été tués et cinq blessés par des policiers au cours d'un rassemblement de chômeurs à Sohar. Des milliers de personnes ont défilé à Manama (Bahreïn), exigeant l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. Le Koweït est confronté à une instabilité gouvernementale chronique depuis son invasion par l’Irak en 1990. L’Émirat du Qatar, le trublion du Golfe qui joue, à travers sa chaine al-Jazeera, à déstabiliser les autres pays arabes, est touché à son tour par le virus de la déstabilisation. Des innombrables appels sont déjà lancés, via Twitter et Facebook, à manifester contre la base américaine qui s’y trouve et aussi contre la corruption de la famille régnante. Last, but not least, en Arabie Saoudite, théâtre d’une lutte pour la succession avec la maladie du roi (86 ans) et le retour en force du clan des Soudairi, une centaine d'intellectuels ont eux-aussi exhorté le monarque à des réformes substantielles.
L’opération de charme que le roi Abdallah, de retour au royaume, avait tentée en direction de son opinion publique en annonçant un programme d'aides sociales de près de 30 milliards d'euros a tourné court. Loin de satisfaire une opinion très impressionnée par la révolte en Égypte, en Tunisie, en Libye et au Yémen, que ses chaines satellitaires, notamment al-Arabya et la MBC, avaient largement couverte, ce programme a provoqué une surenchère de revendications démocratiques sur les réseaux sociaux où un « jour de colère » est fixé pour le 11 mars.
Gravement inquiets des répercussions des révoltes arabes sur les monarchies du Golfe et d’ailleurs, le conseil national de sécurité à la Maison blanche a demandé des plans d’évacuation des ressortissants américains de trois monarchies pro-occidentales : l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Maroc.