Contrairement aux prévisions et, même, aux consignes de vote, la Gauche l’a emporté de façon significative dans l’ensemble du pays.
Au deuxième tour des élections municipales, c’est un triomphe de la coalition de la gauche ; à Naples, avec plus de 65,3 % des voix, le candidat Luigi de Magistris est assuré d’être élu maire de cette ville qui confirme son penchant à gauche – le maire sortant était du principal parti de la gauche, le Parti Démocratique – elle a jugé plus crédible son programme pour sortir de tant d’années de crise sur la question de la sécurité et des déchets domestiques. Membre du parti « Italie des valeurs » de l’ancien magistrat Antonio Di Pietro, De Magistris a été soutenu à Naples par tous les partis de gauche.
Mais l’élection la plus significative est certainement celle de la ville de Milan, où est produit 11 % du PIB de l’Italie. Dominée par la droite depuis plusieurs législatures, Berlusconi avait misé ici sur une réélection « facile », au point de figurer en tête de la liste des conseillers de la coalition, dans le but de conforter son gouvernement bousculé par les scandales à répétition. Contrairement aux prévisions d’avant le premier tour et malgré une campagne haineuse entre les deux tours contre le candidat de la gauche, Giuliano Pisapia, accusé de favoriser les Roms dans la construction de logements sociaux, et crime suprême, de prévoir l’édification d’une mosquée, ce dernier a remporté haut la main l’élection (55,1 % à 17 heures).
La gauche remporte également les ballotages dans les villes de Trieste, Cagliari, Mantoue et Pavie – qui s’ajoutent aux significatives victoires du premier tour, dont Turin – et même dans des localités de la Lombardie, traditionnels fiefs de la Ligue du Nord, allié indispensable de Berlusconi pour la survie de son gouvernement. En réalité, et en dépit des consignes de vote, une partie de l’électorat de la Ligue s’est associée aux voix de la gauche au nom de la lutte contre la corruption qui a longtemps été le cheval de bataille de son leader, Ugo Bossi. La campagne pour l’autonomie, voire l’indépendance du nord, face à un pouvoir central corrompu, qui est à la base de la création de la Ligue, se trouve aujourd’hui en porte à faux car c’est bien l’allié principal de la Ligue, Forza Italia, et surtout son chef et président du Conseil, qui sont au cœur de nombreux cas de fraudes fiscales, abus de biens sociaux, etc. Affaibli par ce vote, le gouvernement pourrait tomber plus vite que prévu. En tout cas, il arrivera à la fin de son mandat, en avril 2012, dans une posture bien plus difficile que ne l’avait espéré Berlusconi. L'échéance électorale de 2013 sera certainement très disputée.