Les élections cantonales françaises ont posé les bases de l’éclatement du parti présidentiel en cristallisant les positions des principaux ténors, qui pourraient arriver en ordre dispersé à l’élection présidentielle de 2012.
La défaite de la majorité présidentielle aux élections cantonales et la poussée sans précédent à son détriment du Front national, ont porté un coup sévère aux rapports censés être harmonieux entre l’UMP, dirigée par Jean-François Copé, et le gouvernement, conduit par François Fillon.
Adversaires potentiels de l’élection présidentielle de 2017, sinon de celle de 2012 si Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, décidait de jeter l’éponge, les deux responsables de la majorité présidentielle se sont publiquement rendus coup pour coup depuis dimanche dernier 27 mars. C’est la première fois sous la Ve République qu’un Premier ministre, chef de la majorité, en principe, se trouve pris à partie d’une façon aussi violente par le chef du parti majoritaire.
Jean-François Copé a en effet accusé Fillon de ne pas « jouer collectif » et de « manquer » à l’UMP, alors que celle-ci a besoin de toutes ses composantes pour gagner la présidentielle de 2012. Il a aussi laissé entendre que François Fillon préparait « le coup d’après » se positionnant pour une éventuelle candidature présidentielle en 2017 voire en 2012, si Sarkozy n’y allait pas.
Objet de cette controverse qui divise aussi l'UMP: le débat sur l’islam, initié par Copé, avec l’accord de Sarkozy, et dont Fillon avait dit qu’il s’y opposerait s’il devait « aboutir à une stigmatisation des musulmans» de France.
Le Front National, ripoliné par Marine Le Pen, a siphonné l’électorat de l’UMP en gagnant 300.000 voix au second tour des cantonales, soit une progression de 47 % par rapport au premier tour. Il a totalisé 900.000 voix, un record absolu.
La stratégie de « droitisation » du discours de l’UMP contre les immigrés et les musulmans, prônée par Copé pour contrer le Front national, n’a pas opéré sur son électorat traditionnel, qui a ainsi voulu adresser un « avertissement sans frais » (à moindre coût en fait) à Sarkozy.
Du coup, Jean-Louis Borloo, patron du parti radical, déjà frustré de n’avoir pas été nommé à la tête du gouvernement, songe publiquement à quitter l’UMP pour créer avec des sociaux-démocrates et des centristes de droite, une nouvelle coalition, et se présenter en son nom à la prochaine élection présidentielle.
Dominique de Villepin, « gaulliste social », ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier "chiraquien", devrait en faire de même. Il se prépare lui aussi à présenter sa candidature à la présidentielle de 2012.