L’incident révèle un ras-le-bol populaire dont il est insuffisamment question dans les médias.
En menant la « croisade », contre la Libye, selon l’expression de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, le président Sarkozy, candidat à sa propre succession à l’Elysée en 2012, espérait faire oublier l’affaire tunisienne et égyptienne et se présentait comme le « sauveur » du peuple libyen de son massacreur Kadhafi en moins d’un mois. Cependant, ce qui était conçu au départ comme une promenade de santé, se transforme en guerre de type colonial, coûteuse et incertaine, contre un pays du Sud. Le soutien initial à la résolution 1973, votée par le Conseil de sécurité de l’Onu pour protéger la population désarmée d’éventuels massacres, s’effrite. L’Otan outrepasse ouvertement le mandat défini par l’Onu et se donne pour mission d’alimenter une guerre civile, tuant des enfants et des civils, et utilisant tous les moyens, pour éliminer physiquement un chef d’Etat en exercice et sa famille.
L’engagement libyen de Sarkozy risque de lui coûter son deuxième mandat ardemment souhaité. Car cette guerre contestée n’est plus soutenue par l’opinion publique qui craint son coût économique, humain et moral excessif. Et surtout son enlisement.
L’incident dont il a été victime à Agen est un révélateur du ras-le-bol populaire, que les médias n’ont pas encore assez mis en évidence.
Alors qu’il prenait un bain de foule jeudi 30 juin à Brax, dans le Lot-et-Garonne, Nicolas Sarkozy a été agrippé par le col par un homme d'une trentaine d'années. Cet homme de 32 ans voulait protester auprès du chef de l’Etat contre l'intervention armée de troupes françaises en Libye, selon une source proche de l'enquête.
En quelques secondes, des officiers de sécurité se sont jetés sur lui avant de le ceinturer et de le plaquer au sol. Il a été placé en garde vue à la gendarmerie d'Agen, où il se trouvait encore le soir.