La Maison-Blanche a reconnu l’existence d’une base de décollage de drones située en Ethiopie. Elle est sensée ne pas servir à des bombardements, mais uniquement à des missions d’exploration.
La Maison Blanche vient de reconnaître l’existence d’une base de drones en Éthiopie, suite aux révélations du Washington Postqui citait des responsables américains. Selon ces derniers, le Pentagone utilise un aéroport civil éthiopien pour faire décoller des drones armés pour des opérations « antiterroristes » contre les islamistes shabab somaliens. La Maison Blanche, par la voix du porte-parole du président Obama, Jay Carney, a, toutefois, affirmé que « les drones ne mènent pas de missions de bombardements depuis l’Éthiopie ». Information confirmée ensuite par un porte-parole du Pentagone, John Kirby, interrogé par l’AFP, qui a déclaré que « ces appareils sans pilote sont utilisés uniquement pour des opérations de surveillance et non de frappes. »
Vraie ou fausse, cette information n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le journal progressiste américain on line (www.thenation.com ) a publié, le 17 octobre, une enquête signée Nick Turse, intitulée L’Empire secret des bases américaines de drones (America’s Secret Empire of Drone Bases), dont nous livrons ci-dessous la traduction.
L’EMPIRE SECRET DES BASES AMÉRICAINES DE DRONES
Par Nick Turse
Ils envahissent toujours plus la planète. Il existe une installation à l’extérieur de Las Vegas où des « pilotes » travaillent dans des cabines climatisées, une autre dans un camp poussiéreux en Afrique, occupée auparavant par la Légion étrangère française, une troisième dans une grande base aérienne en Afghanistan où le personnel de l’Air Force est assis en face de nombreux écrans d’ordinateurs et une quatrième dans une base aérienne des Émirats arabes unis, dont pratiquement personne ne dit mot. Sans parler d’au moins cinquante-six autres. C’est un empire américain de bases de drones sans pilote, en expansion à travers le monde. Malgré de fréquents articles sur la campagne d’assassinats par les drones lancée en soutien aux guerres américaines non déclarées et toujours plus nombreuses, et malgré une série de reportages sur les bases en Afrique et au Moyen-Orient, la plupart de ces installations sont restées non listées, non comptabilisées et remarquablement anonymes jusqu’a maintenant.
Dirigées par les militaires, la CIA et leurs intermédiaires, ces bases – certaines pas plus grandes que des pistes de décollage désolées, d’autres, des centres de contrôle sophistiqués, équipés d’ordinateurs et d’équipements électroniques de haute technologie – forment l’épine dorsale du nouvel art robotique américain de la guerre. Ils représentent, également, les derniers développements de la longue saga de la projection de la puissance américaine à l’étranger – dans ce cas, des frappes contrôlées à longue distance partout sur la planète avec un minimum d’ « empreinte » étrangère et peu de responsabilités.
Utilisant des documents militaires, des articles de presse et autres sources publiques d’information, une analyse en profondeur faite par TomDispath a identifié au moins soixante bases intégrées aux opérations drones de l’armée américaine ou de la CIA. Il peut, cependant, y en avoir plus. Le secret dont le voile a été jeté sur la guerre des drones, maintient la taille réelle et le champ d’intervention de ces bases dans l’ombre.
UNE GALAXIE DE BASES
Durant les dix dernières années, l’utilisation par les Américains de véhicules aériens sans pilote (UAV) et de systèmes aériens sans pilote (UAS) s’est accrue de manière exponentielle, tout comme la couverture médiatique de leur utilisation. Le Wall Street Journal du 21 septembre rapportait que l’armée avait déployé des drones MQ-9 armés de missiles aux Seychelles « pour intensifier les attaques contre les branches d’al-Qaeda, particulièrement en Somalie. » La veille, le Washington Post mentionnait la même base sur le petit archipel de l’Océan indien, ainsi qu’une autre à Djibouti, une en construction en Éthiopie et une piste secrète en construction pour des drones dans un pays du Moyen-Orient non nommé. (Certains suspectent l’Arabie saoudite).
Les journalistes du Post, Greg Miller et Craig Whitlogue ont écrit que « l’administration Obama était en train de mettre en place une constellation de bases secrètes pour les opérations antiterroristes dans la Corne de l’Afrique et dans la Péninsule arabique, éléments d’une nouvelle offensive contre les branches d’al-Qaeda en Somalie et au Yémen ». Quelques jours plus tard, le Post rapportait également qu’un drone d’une nouvelle base de la CIA dans ce pays non identifié du Moyen-Orient avait tué le prédicateur radical et citoyen américain Anwar al-Awlaki, au Yémen.
Avec l’assassinat d’al-Awlaki, l’administration Obama a étendu sa campagne de drones armés à pas moins de six pays, bien que la CIA – qui a tué al-Awlaki – refuse de reconnaître officiellement son programme d’élimination par drone. L’Air Force est moins réservée sur ces opérations, bien que trop d’aspects restent dans l’ombre. Son porte-parole, le lieutenant-colonel John Haynes, a récemment déclaré à TomDispatch : « Pour des raisons de sécurité opérationnelle, nous ne discutons pas des sites d’avions pilotés à distance (Remotely Piloted Aircraft)opérant à travers le monde, dont un certain nombre de sites sur la planète. »
Il n’en reste pas moins que ces soixante bases militaires et de la CIA à travers le monde, directement connectées au programme drone, nous en disent beaucoup sur le futur de la stratégie de guerre américaine. Du commandement au contrôle et au pilotage, à la maintenance et à l’armement, ces installations représentent des fonctions clés qui permettent aux campagnes de drones de continuer à s’étendre, comme elles l’ont fait depuis dix ans. D’autres bases sont déjà en construction ou planifiées. Lorsque nous nous sommes présentés avec notre liste de sites de l’Air Force dans la galaxie américaine des bases de drones, le lieutenant-colonel Haynes a répondu, « Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai déjà dit. » On peut, cependant, découvrir beaucoup de choses, même face au secret d’État, comme le montre, ci-dessous, l’enquête de TomDispatch sur les bases américaines de drones aux États-Unis et dans le monde.
LA PÉRIPHÉRIE
Des articles de presse ont souvent mis l’accent sur la base de l’Air Force de Creech, en dehors de Las Vegas, comme l’épicentre de la campagne militaire drone américaine. Assis dans des pièces sombres et climatisées, à 7500 miles de l’Afghanistan, des pilotes de drones habillés en tenues de vol, contrôlent à distance des Reapers MQ9 et leurs progénitures, les MQ1 Predators moins lourdement armés. À côté d’eux, des opérateurs de détection manipulent une caméra de télévision, une caméra à infrarouges et d’autres détecteurs de haute technologie à bord des avions. Leur visage est éclairé par des écrans digitaux montrant des vidéos de la zone de bataille. En utilisant un déclencheur ou une manette, un de ces « pilotes » de la Air Force peut lancer un missile Hellfire sur une personne à l’autre bout de la planète.
Tandis que Creech se taille la part du lion dans les médias – la base dispose même de ses propres drones sur son site – de nombreuses autres bases sur le sol américain ont joué un rôle critique dans les guerres américaines de drones. Le même art de la guerre style jeu vidéo est pratiqué par les pilotes américains et britanniques non loin de la base Nellis au Nevada, le siège du 2nd Escadron pour les opérations spéciales (SOS). D’après une fiche de renseignement de l’Armée de l’air que s’est procurée TomDispatch, le 2nd SOS et ses opérateurs drones devraient être déplacés au Commandement des opérations spéciales des forces aériennes, à Hurlburt Field, en Floride, dans les prochains mois.
Reapers ou Predators sont aussi dirigés depuis les bases de l’Air Force Davis-Monthan, en Arizona, Whiteman dans le Missouri, la base March Air Reserve, en Californie, Springfiels dans l’Ohio, les bases Cannon et Hollomlan, au Nouveau Mexique, l’aéroport Ellington à Houston-Texas, la base aérienne de la Garde nationale à Fargo, dans le North Dakota, Ellsworth dans le sud Dakota et la base de la Garde nationale de Hancock à Syracuse, New York. Récemment, on a annoncé que les Reapers dirigés par des pilotes d’Hancock commenceraient à décoller pour des missions d’entraînement depuis Fort Drum, également dans l’État de New York.
En même temps, à la base de l’Air Force de Langley, en Virginie, selon une enquête du New York Times, des équipes d’analystes en tenue de camouflage de l’Air Force sont assis dans un bureau secret de renseignement et de surveillance qui gère les écoutes des téléphones cellulaires, les photographies aériennes et, plus particulièrement, les écrans multiples de vidéo en direct depuis les drones en Afghanistan. Ils l’appellent « la TV de la mort » et sont constamment en direct avec les commandants au sol afin de leur donner des renseignements en temps réel sur les mouvements de troupes ennemies. Les analystes de l’Air Force contrôlent également étroitement le champ de bataille depuis le Commandement des opérations aériennes spéciales en Floride et une installation à Terre Haute, dans l’Indiana.
Les opérateurs de drones de la CIA pilotent également leurs avions de son quartier général voisin à Langley, Virginie. C’est de là que les analystes, apparemment, ont regardé les images de la maison d’Oussama Ben Laden au Pakistan, par exemple, grâce à la vidéo envoyée par le RQ-17 Sentinel, un drone de technologie avancée surnommé la « Bête de Kandahar ». D’après les documents de l’Air Force, le Sentinel est dirigé à la fois de la base de Creech et du centre d’essai de Tonopah au Nevada.
Predators, Reapers et Sentinels ne sont qu’une partie de l’histoire. À la base aérienne de Beale, en Californie, le personnel pilote le RQ-4 Global Hawk, un drone sans pilote pour des missions de longue distance et de haute altitude dont certaines partent de la base Anderson sur l’île de Guam (une zone de transit pour les vols de drone vers l’Asie). D’autres Global Hawks sont stationnés à la base de Grand Forks dans le Nord Dakota, tandis que le centre des systèmes aéronautiques à la base de Wright-Patterson, dans l’Ohio, gère les programmes Global Hawk, Predator et Reaper pour l’Air Force.
D’autres bases ont été étroitement impliquées dans l’entraînement des opérateurs de drones, dont les bases de l’Air Force de Randolph au Texas et de Kirtland au Nouveau Mexique, tout comme la base de l’Armée de Fort Huachuca, en Arizona, qui abrite « le plus grand centre au monde de formation sur UAV », selon un article du National Defense. Là, des centaines d’employés du géant de la Défense, la General Dynamics (General Dynamics, fondée en1952, est une société de conception et de fabrication d’avions militaires travaillant principalement pour le compte du gouvernement américain – NTD) entraîne du personnel militaire à faire voler des drones tactiques plus petits comme le Hunter et le Shadow. Les tests physiques des drones continuent d’adjoindre le Libby Army Airfiel et « deux voies aériennesUAV situées approximativement à un quart de miles à l’ouest de Libby », selon Global Security, un centre d’information online pour l’information militaire.
Ajouté à cela, un entraînement au petits drones est dispensé pour l’Armée à Fort Benning en Géorgie tandis qu’à Fort Ruker, Alabama, – la « maison de l’aviation militaire » – le Programme pour les avions sans pilote coordonne la doctrine, la stratégie et les concepts se rapportant aux UAV. Récemment, Fort Benning a vu, également, le premier test de vrais drones robotiques qui volent sans pilotage humain ou sans utilisation de manette. Ce qui, écrit le Washington Post, est considéré comme la prochaine étape vers un futur qui verra les drones « chasser, identifier et tuer l’ennemi sur la base de calculs faits par un logiciel et non de décisions prises par des humains. »
L’Armée a, également, procédé à des exercices d’entraînement d’UAV au Dugway Proving Ground, dans l’Utah, et, au début de l’année, la Marine a lancé son X-47B, un drone furtif semi autonome de la prochaine génération, pour un premier vol à la base Edwards de l’Air Force, en Californie. Ce robot volant conçu pour opérer depuis le pont des porte-avions – a, depuis, été envoyé à la base aéronavale de Patuxent River, dans le Maryland pour de nouveaux tests. Non loin, à Webster Field, la Marine a résolu les problèmes qu’elle avait avec l’hélicoptère sans pilote Fire Scout qui a aussi été testé à Fort Rucker et au Yuma Proving Ground, en Arizona, ainsi qu’en Floride, sur la base navale de Mayport et sur la base aéronavale de Jacksonville. C’est aussi sur cette base que fut développé le Broad Area Maritime Surveillance (AMS), système aérien sans pilote. Il est aujourd’hui basé là-bas et sur la base aéronavale de l’île de Whidbey, dans l’État de Washington.
LES BIJOUX ÉTRANGERS DE LA COURONNE
La Marine cherche activement un site adéquat dans le Pacifique Ouest pour une base BAMS et est actuellement en négociation avec plusieurs États du Golfe persique pour un site au Moyen- Orient. Elle dispose, déjà, de Global Hawks sur sa base de Sigonella, en Italie.
L’Air Force négocie actuellement avec la Turquie pour repositionner certains des Predators opérant encore en Irak sur la base aérienne géante de Incirlik, l’année prochaine. De nombreux UAV de types différents ont été basés en Irak depuis l’invasion de ce pays, dont des modèles tactiques de taille réduite comme le Raven-B que les soldats lançaient à la main de la base aérienne régionale de Kirkuk, des Shadow UAV qui volaient de la FOB Normandy, dans la province de Bakouba, des Predators opérant depuis la base aérienne de Balad, des drones miniatures Desert Hawk lancés depuis la base aérienne de Tallil et des Scan Eagles basés à al-Asad.
Ailleurs, au Moyen-Orient, selon Aviation Week, les militaires lancent des Global Hawks depuis al Dhafra, une base aérienne située dans les Émirats arabes unis, pilotés par des personnels stationnés à la base aéronavale de Patuxent River, dans le Maryland, pour tracer « le trafic maritime dans le Golfe persique, le Détroit d’Hormuz et la mer d’Arabie ». Selon des informations non confirmées, la CIA pourrait diriger des drones depuis les Émirats également. Dans le passé, d’autres UAV ont apparemment été lancés depuis les bases aériennes Ali al-Salem et et al-Jaber, au Koweït, ainsi que de la base aérienne de Seeb, à Oman.
Sur la base aérienne al-Udeid, au Qatar, l’Air Force dirige un commandement d’opérations aériennes et des installations de contrôles déterminants pour les guerres de drones en Afghanistan et au Pakistan. La nouvelle base secrète de la CIA sur la péninsule arabique, utilisée pour assassiner Anwar al-Awlaki, peut être ou peut ne pas être la piste en Arabie Saoudite dont un officier supérieur de l’armée américaine a récemment confirmé l’existence à Fox News. Dans le passé, la CIA a aussi utilisé des UAV à partir de Tuzel en Ouzbékistan.
En Afghanistan, les drones volent à partir de nombreuses bases, y compris la base aérienne de Jalalabad, l’Air Field de Kandahar, la base aérienne de Bagram, Camp Leatherneck, Camp Dwyer, Combat Outpost Payne, Forward Operating Base (FOB) Edinburgh et FOB DelaramII, pour n’en citer que quelques unes. Les bases afghanes, cependant, sont des sites où les drones ne font que décoller et atterrir.
On fait souvent l’erreur de penser que seuls les opérateurs basés aux États-Unis « pilotent » les drones américains armés. En fait, dans et autour des zones de guerre américaines, les UAV commencent et finissent leurs vols sous le contrôle de « pilotes » locaux. Prenons la grande base aérienne afghane de Bagram. Après avoir procédé à des contrôles d’avant-vol avec un technicien qui règle les détecteurs du drone, un « pilote » local s’assoit en face d’une tour d’ordinateur Dell et de multiples écrans de contrôle, deux claviers, une manette, un accélérateur, un stylo, une souris, et différents boutons, et supervise le décollage de l’avion avant de le transférer à un homologue aux États-Unis avec un équipement électronique similaire. Une fois la mission effectuée, les contrôles reviennent vers l’opérateur local qui se charge de l’atterrissage. En outre, les équipes en Afghanistan prennent en charge la maintenance générale et les réparations des drones.
À la suite d’une attaque suicide dévastatrice par un agent double d’al-Qaeda qui a tué des agents de la CIA et des membres de la FOB Chapman, dans la province de Khost, à l’est de l’Afghanistan, en 2009, il est apparu que le site était lourdement impliqué dans les frappes sélectives ciblées, de l’autre côté de la frontière, au Pakistan. Les drones, comme le notait le Washington Post à l’époque, étaient « lancés depuis différentes bases en Afghanistan et au Pakistan ».
L’Air Force et la CIA ont, toutes deux, mené des opérations dans l’espace aérien pakistanais, dans le cadre de missions lancées d’Afghanistan et, d’autres, depuis le Pakistan. En 2006, des images de ce qui s’est révélé être des drones Predator stationnés sur la base aérienne de Shamsi, dans la province pakistanaise du Béloutchistan, furent trouvés sur Google Earth et, plus tard, diffusées. En 2009, le New York Times rapportait que des agents de XeServices, la compagnie connue précédemment sous le nom de Blackwater, avaient été chargés d’armer les drones Predator « sur des bases secrètes de la CIA au Pakistan et en Afghanistan ».
Après le raid SEAL, en mai, au Pakistan, au cours duquel Ossama Ben Laden fut tué, les dirigeants du pays ont donné l’ordre aux États-Unis de quitter Shamsi. L’Administration Obama a évidemment refusé et l’information a circulé selon laquelle, d’après le Washington Post, la base était en réalité la propriété des Émirats arabes unis qui la sous-louaient aux États-Unis. Les Émirats avaient construit le terrain d’aviation « comme point d’arrivée pour la chasse au faucon et autres expéditions de chasse au Pakistan ».
Les gouvernements américain et pakistanais ont, depuis, déclaré que Shamsi n’est plus utilisée pour les frappes de drones. Vrai ou faux, les États-Unis utilise manifestement, également, d’autres bases pakistanaises pour leurs drones, y compris, peut-être, la base de Shahbaz, située près de la ville de Jacocobad, une autre base près de Ghazi.
LA NOUVELLE ESCALADE AFRICAINE
Récemment, les titres de Une, lorsqu’il s’agit de l’expansion de l’empire des bases de drones, portent sur l’Afrique. Pendant les dix dernières années, l’armée américaine a opéré depuis Camp Lemonier, une ancienne base de la Légion étrangère française dans le petit État africain de Djibouti. Peu après les attaques du 11 septembre 2001, elle est devenue une base pour les drones Predator et a, depuis, été utilisée pour diriger des missions sur la Somalie voisine.
Pendant quelques temps, des rumeurs ont aussi circulé sur une base secrète américaine en Éthiopie. Récemment, un dirigeant américain a révélé au Washington Post que des discussions sur une base de drones là-bas avaient été entamées il y a quatre ans, « mais le projet a été repoussé parce que les Éthiopiens n’étaient pas du tout enthousiastes ». Aujourd’hui, il est évident que la construction est en cours, et peut-être terminée.
Ensuite, bien sûr, il y a la base des Seychelles dans l’Océan indien. Une petite flotte de drones de la Marine et de l’Air Force a commencé à entrer en opération en 2009 pour traquer les pirates dans les eaux de la région. Des télégrammes diplomatiques classifiés obtenus par WikiLeaks, cependant, révèlent que ces drones ont aussi été utilisés secrètement pour lancer des missions en Somalie. « Installés dans un hangar situé à environ un quart de mile du principal terminal passagers de l’aéroport », écrit le Post, la base est composée de trois ou quatre « Reapers et environ cent membres de l’armée américaine, et des assistants techniques, selon les télégrammes. »
Les États-Unis ont aussi, récemment, envoyé quatre drones tactiques plus petits en Ouganda et au Burundi pour une utilisation militaire par ces pays.
VIEUX ET NOUVEAUX EMPIRES
Même si le budget du Pentagone devait commencer à boire la tasse, l’expansion de l’empire américain des bases de drones est une chose certaine dans les années à venir. Les drones sont maintenant le fondement de la stratégie militaire américaine du futur et – la contre-insurrection étant désormais impopulaire – le moyen préféré de porter la guerre à l’extérieur.
Pendant les huit années de la présidence de George W. Bush, alors que les États-Unis étaient en train de construire leur flotte de drones, le pays a lancé des guerres en Afghanistan et en Irak et opéré des frappes limités au Yémen, au Pakistan et en Somalie, en utilisant des drones depuis, au moins, quatre de ces pays. En moins de trois ans de présidence Obama, les États-Unis ont lancé des frappes de drones en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Les militaires maintiennent qu’ils ont carte blanche pour tuer les ennemis présumés dans n’importe quel pays ou, au moins chaque nation du Global South (les pays du Sud, NDT). D’après un rapport du Congressional Budget Office (le Bureau du budget du Congrès – NDT)publié en début d’année, « le département de la Défense prévoit d’acheter environ 730 nouveaux systèmes aériens sans pilote de taille moyenne et de grande taille » sur les dix années à venir. En pratique, cela signifie davantage de drones comme le Reaper.
Les militaires ont déclaré au Wall Street Journal que le Reaper « peut parcourir 1150 miles depuis sa base, effectuer des missions et revenir à sa base… Le temps qu’un drone peut rester en l’air dépend du poids de ses munitions. » Selon un document d’entraînement d’opérateur obtenu par TomDispatch, équippé au maximum du poids, c’est-à-dire avec des missiles Hellfire de 3750 livres et des bombes GBU-12 ou GBU-30, le Reaper peut rester en vol pendant 16 ou 20 heures.
Un coup d’œil à une carte du monde nous dit que, si les États-Unis ont l’intention d’effectuer de plus en plus de frappes à travers le monde développé, ils auront besoin de davantage de bases pour les futurs UAV. Comme le soulignait un officier anonyme au journaliste du Washington Post, en parlant de toutes ces nouvelles bases agglutinées autour des zones de combat en Somalie et au Yémen, « si vous regardez les choses d’un point de vue géographique, cela a un sens –prenez une règle et mesurez la distance qu’un drone peut parcourir et d’où il a décollé. »
Il y a quelques mois, un analyste de TomDispatch a déterminé qu’il y a plus de 1000 bases militaires américaines dispersées sur la planète – un monde secret d’innombrables sites existants qui peuvent, et il n’y a aucun doute qu’ils le feront, accueillir des drones. Mais les installations sélectionnées pour un monde pré-drones peuvent ne pas toujours se trouver sur des sites optimum pour les guerres actuelles et futures non déclarées et les campagnes d’assassinats. L’expansion actuelle en Afrique, au Moyen Orient et en Asie est, donc, une probabilité. Quels sont les projets de l’Air Force à cet égard ? Le lieutenant-colonel John Haynes était typiquement circonspect en disant « Nous sommes constamment en train d’évaluer les sites potentiels d’opérations sur la base des besoins de missions en évolution ». Si les dix dernières années sont une indication, ces « besoins » ne feront que grandir à l’avenir.
(Traduction Afrique-Asie)
Source URL: https://www.thenation.com/article/164023/americas-secret-empire-drone-bases
Links:
[1] https://www.tomdispatch.com/archive/175454/
[2] https://app.e2ma.net/app/view:Join/signupId:43308/acctId:25612
[3] https://trueslant.com/jefftietz/2009/04/16/a-day-in-the-life-of-a-drone-pilot/
[4] https://online.wsj.com/article/SB10001424053111904106704576583012923076634.html
[7] https://www.nybooks.com/articles/archives/2011/sep/29/predators-and-robots-war/
[8] https://articles.latimes.com/2010/feb/21/world/la-fg-drone-crews21-2010feb21
[9] https://www.armytimes.com/news/2011/10/ap-reaper-drones-to-fly-out-of-drum-100711/
[10] https://www.nytimes.com/2011/01/17/technology/17brain.html
[12] https://www.globalsecurity.org/military/facility/libby.htm
[16] https://www.wired.com/dangerroom/2009/12/us-military-joins-cias-drone-war-in-pakistan/
[17] https://politics.foxnews.mobi/quickPage.html?page=23877&content=56961787&pageNum=-1
[18] https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/12/31/AR2009123100541.html
[19] https://www.nytimes.com/2009/08/21/us/21intel.html
[21] https://www.thenation.com/article/159578/dangerous-us-game-yemen?page=0,1