Les intellectuels de gauche contre le gangstérisme de Wall Street
Dans une interview à Russia Today, l’éminent intellectuel, Professeur Noam Chomsky, a commenté d’importants événements politiques mondiaux.
Chomsky partage avec clarté ses réflexions sur les manifestations à Wall Street et prédit que la pauvreté et le chômage vont se développer dans les mêmes proportions que pendant la grande dépression ; il parle de l’énorme montant que les dépenses de la campagne présidentielle de 2012 vont atteindre et dit que ceux qui sont au Congrès ou à la Maison Blanche ne méritent plus leur place mais l’achètent et il explique que l’assassinat d’Osama Bin Laden marque un tournant dans la politique américaine : à l’époque de Bush on enlevait et torturait celui que la CIA considérait comme une menace aux USA, sous Obama, on est passé à « aussitôt vu aussitôt abattu » en violation de toute légalité.
Il précise que le meurtre d’Osama Bin Laden a été commis d’une manière qui a fortement irrité et peut-être impliqué l’armée pakistanaise, ce qu’il trouve extrêmement dangereux.
Quant au printemps arabe, Chomsky dit que les USA et ses alliés occidentaux n’ont pas soutenu les révolutions tunisiennes et égyptiennes, au contraire ils s’y sont opposés en soutenant les dictateurs jusqu’à la dernière minute, puis ils ont changé de politique après leur chute.
En raison du fait qu’il met tous ses espoirs dans le seul soutien des USA « l’état sioniste risque de s’effondrer si ce soutien lui était retiré totalement ou partiellement — tout à fait comme l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid », dit Chomsky qui rappelle que les Afrikanders s’étaient sentis assez en sécurité pour ignorer l’embargo de l’ONU et le retrait des entreprises de leur pays pendant les années 1980, tout le temps que l’administration de Reagan les soutenait. Mais dès que les USA lui ont retiré leur soutien, le régime d’apartheid s’est effondré.
« Cela fait 35 ans que les Etats-Unis et Israël rejettent un accord politique qui est virtuellement soutenu par le monde entier. Il y a environ deux mois, il y a eu une réunion de l’oligarchie israélienne — ceux qui dirigent l’économie israélienne », explique Chomsky, « et ils ont conseillé au gouvernement d’accepter une résolution de ce genre parce que sinon Israël sera, comme ils disent, transformée en Afrique du Sud ; elle sera encore plus isolée, à cause des boycotts, des refus de charger leurs navires, et leur économie s’écroulera. » (Pour consulter l’original : https://ashraf62.wordpress.com/2011/10/02/chomsky-on-“occupy-wall-street”-and-israel-imminent-collapse/)
Par ailleurs, Noam Chomsky a également adressé une lettre aux acteurs du mouvement dans laquelle il dresse le constat suivant : « Quiconque a les yeux ouverts sait que le gangstérisme de Wall Street — celui des institutions financières en général — a causé de graves dommages au peuple des États-Unis (et au monde entier).» Une situation qui remonte à plus d'une trentaine d'années et s'aggrave chaque jour un peu plus, explique le philosophe, qui dénonce la concentration des richesses et du pouvoir par 1% de la population quand par ailleurs le reste de la population s'installe de façon croissante dans la précarité. « Les manifestations respectables et courageuses en cours à Wall Street devraient servir à porter cette calamité à l'attention du public, conduire à des efforts pour dépasser cette situation et remettre la société sur un meilleur chemin », conclut Chomsky.
De son côté, le philosophe Cornel West, s'est quant à lui rendu aux abords de Wall Street pour s'adresser directement aux participants du mouvement. Sur place, le professeur de Princeton s'est félicité de ce « réveil démocratique dans lequel il voit le signe d'un « automne américain » faisant réponse au « printemps arabe » du début d'année. Afro-américain et militant progressiste de longue date, le philosophe a lancé à la foule : « Ce dont il s'agit réellement ici, c'est d'une révolution, au sens où l'entendait Martin Luther King ; un transfert de pouvoir des oligarques vers les gens de tous les jours, de toutes les couleurs ». Le mouvement des « indignés américains » prend de l'ampleur, et s'étend dans d'autres villes des États-Unis. À New York, où près de 700 manifestants ont été interpellés samedi 1er octobre, les organisateurs du mouvement espèrent la venue d'autres intellectuels de premier plan, notamment l'économiste Joseph Stiglitz.