Déjouant les rumeurs alarmistes sur son état de santé et sur une possible vacance prolongée du pouvoir, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a surpris ses amis et surtout ses adversaires en rentrant au pays sans prévenir.
Hugo Chavez avoulu être rassurant en déclarant être en "bonne santé", plus de trois semaines après avoir été opéré d'une tumeur cancéreuse à Cuba.
Fidèle à son excentricité légendaire, il a entonné dès son arrivée une chanson populaire le poing en l'air en disant, la voix pleine d'entrain: "Me voilà de retour et heureux ! Bonjour, pays bien-aimé ! Je vais maintenant prendre un peu de repos".
Euphoriques, ses partisans sont descendus en quelques minutes dans les rues de Caracas, la capitale, en scandant "il est revenu! Il est revenu!".
Le retour surprise du chef de l'Etat bouleverse une nouvelle fois la donne politique au Vénézuela où son état de santé a donné lieu à des semaines de spéculations quant à sa capacité à gouverner, dans la perspective de l'élection présidentielle fixée à décembre 2012.
La campagne électorale n'est pas encore lancée mais les partisans de Chavez n'imaginent pas d'autre scénario que celui de voir leur champion, âgé de 56 ans, briguer un troisième mandat de six ans.
Répondant à un scénario parfaitement maîtrisé, ce que ses détracteurs appellent le côté "théâtral" de son régime, le président est revenu juste à la veille du bicentenaire, mardi 5 et mercredi 6 juillet, de l'indépendance de l'ex-colonie espagnole.
Le président a toutefois fait savoir que malgré sa présence à Caracas il ne serait pas physiquement en mesure de participer aux festivités – défilé militaire et fêtes populaires.
"Je vais bien, je me sens bien", a dit Chavez, qui est au pouvoir depuis douze ans. "Je suis de retour au pays de Bolivar", a-t-il ajouté, en référence à son idole Simon Bolivar, héros de l'indépendance.
Chavez a été accueilli à l'aéroport de Maiquetia, près de Caracas, par les membres du gouvernement, selon des images diffusées par la télévision nationale. Il est arrivé en pleine nuit, vers 02h00 heure locale (06h30 GMT).
La télévision a également montré des images du président cubain, Raul Castro, faisant auparavant ses adieux à son homologue vénézuélien.
"Nous sommes ravis du retour de notre président", s'est exclamé de son côté le vice-président Elias Jaua.
Dimanche 3 juillet, l'ancien numéro un cubain Fidel Castro avait estimé que son allié réussirait à surmonter le cancer qui lui a valu d'être opéré à La Havane.
Malgré l'euphorie de ses partisans, le mystère demeure autour de l'état de santé réel de Chavez qui pourrait devoir suivre un traitement au Vénézuela. Un hôpital militaire est prêt à l'accueillir.
Mais le vice-président a précisé lundi 4 juillet que le chef de l'Etat se reposait au palais présidentiel de Miraflores à Caracas. "Il n'est pas nécessaire qu'il aille à l'hôpital, il peut suivre son traitement dans sa résidence, n'importe où."
L'annonce de la maladie d'un président qui insiste fréquemment sur la robustesse de son physique a introduit un doute inédit sur sa capacité à diriger le pays à moyen terme.
Samedi 2 juillet, l'opposition vénézuélienne avait estimé que la convalescence prolongée de Chavez à Cuba mettait en danger la sécurité et la souveraineté du pays et avait appelé Hugo Chavez à déléguer ses pouvoirs.
Sans toutefois de réjouir ouvertement de son soudain affaiblissement, l'état de santé de Chavez a nourri les espoirs de ses opposants de remporter l'élection présidentielle de 2012.
Le président vénézuélien continue de bénéficier d'un fort capital de sympathie parmi les classes populaires qui lui savent gré d'avoir utilisé les revenus tirés du pétrole pour financer le secteur hospitalier et le système scolaire.
Chavez, 56 ans, a indiqué qu'il avait l'espoir de se rétablir pleinement, sans donner de détails sur la gravité de sa maladie ni sur le traitement suivi.
Le chef de l'Etat, sorti de l'avion en survêtement, le bras gauche levé, est apparu souriant et apparemment en meilleure forme que sur les vidéos diffusées ces derniers jours de La Havane où il se montrait amaigri et ému.
Il a également félicité l'équipe de football du Venezuela pour sa prestation face au Brésil (1-1) dimanche à la Copa America en Argentine.
"Cuba, Venezuela, sont une même patrie, je suis heureux", a déclaré Chavez qui a remercié les médecins de l'île pour les soins reçus.
"Les résultats sont impressionnants et je n'hésite pas à assurer que le patient a livré une bataille décisive qui le conduira, et avec lui le Venezuela, à une grande victoire", a écrit Fidel Castro dans un article publié lundi 3 juillet.
Le président doit se présenter devant le "peuple vénézuélien" dans l'après-midi lors d'une cérémonie organisée aux portes du palais présidentiel de Miraflores à Caracas. L'affluence promet d'être massive.
L'état de santé de Chavez a provoqué la suspension d'un important sommet latino-américain qui devait avoir lieu les 5 et 6 juillet au Venezuela pour créer un nouveau bloc régional sans les Etats-Unis et le Canada.
Le président n'a jamais cédé ses pouvoirs à son vice-président pendant son absence.
Son état de santé a toutefois modifié la donne avant l'élection présidentielle cruciale de fin 2012, à laquelle il a déjà dit qu'il se présenterait.
"C'est une situation d'incertitude mais sans aucun doute c'est aussi une rupture, un point d'inflexion. La politique a touché terre. Superman n'est plus Superman", a estimé l'historienne Margarita Lopez Maya.
Selon le vice-président Elias Jaua, "ce retour est le commencement des batailles et des victoires à venir que nous gagnerons avec le peuple et avec lui à sa tête".
"Chavez pourra-t-il affronter la campagne électorale de 2012 ? Sans avoir de détails sur la gravité de sa maladie, on ne sait pas s'il le pourra, mais s'il le peut, il fera tout pour garder le pouvoir", a estimé Luis Vicente Leon, directeur de l'institut de sondage Datanalisis.
(Avec les agences)