Les hausses vertigineuses des prix du pétrole, début 2008, qui ont entraîné des problèmes sociaux graves dans tous les pays en développement, ont été fabriquées artificiellement.
La Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le régulateur américain des marchés mondiaux, des matières premières entre autres, vient d’accuser trois maisons de courtage et deux traders d’avoir manipulé les cours du pétrole début 2008. Les profits de ces opérations pourraient atteindre plus de 50 millions de dollars. Une plainte a été déposée devant le tribunal fédéral de New York contre la Parnon Energy (USA), Arcadia Petroleum (Grande-Bretagne) et Arcadia Energy (Suisse), ainsi que contre l’Australien James Dyer et l’Américain Nicholas Wildgoose. L’enquête sur les raisons de la flambée du pétrole aura duré trois ans. Dans son communiqué, la CFTC précise que les deux traders et leurs compagnies auraient manipulé, entre janvier et avril 2008, les cours du West Tewas Intermediate. Le WTI, connu, également sous le nom de Texas Light, un type de pétrole brut utilisé comme étalon dans la fixation du prix du brut et comme matière première pour les contrats à terme sur le pétrole auprès du New York Mercantile Exchange (NYMEX), la bourse spécialisée dans l’énergie et les métaux. Selon la plainte de la CFTC, les traders ont retenu, mi-janvier, 4,6 millions de barils de pétrole physique destinés à la livraison de février, et, en mars, 6,3 millions, soit 84 % du pétrole brut disponible pour la livraison d’avril. Ils auraient également procédé à un certain nombre d’opérations financières illicites pour bénéficier de la hausse des prix. La CFTC a mené cette enquête avec les régulateurs britannique (FSA) et australien (ASIC). Dans cette période, le prix du baril a atteint des sommets, dépassant les 100 dollars pour arriver à 147 dollars en juillet 2008, un record inégalé. Dans le bulletin du FMI du 1er juillet 2008, on pouvait lire : « Selon une nouvelle étude du FMI, la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires a des répercussions partout dans le monde, mais ses effets les plus aigus sont ressentis par les pays pauvres et à revenu intermédiaire tributaires d’importations qui sont aux prises avec des problèmes de balance de paiements, une accélération de l’inflation et une aggravation de la pauvreté. » Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI, avait souligné que certains pays étaient « au point de basculement ». L’étude montrait que la flambée des prix du pétrole avait coûté 35,8 milliards de dollars pour 50 pays à faible revenu, importateurs nets. La hausse des prix des combustibles était passée de 6,7 % à 9 % de fin décembre à fin mars. Mais, mauvaise analyse, le rapport du FMI concluait, ce que tous les gouvernements du monde ont avalé à l’époque, en disant que « l’offre a tardé à s’ajuster à l’augmentation de la demande qui est en grande partie attribuable à la croissance économique rapide des pays émergents et en développement. » Et toujours prêt à proposer des solutions miracles, il a imposé « des mesures budgétaires, commerciales et de taux de change ainsi que d’autres mesures stratégiques en vue de palier les effets de la hausse des prix ». Ce sont les peuples de ces pays qui en ont fait les frais. Aujourd’hui que la vérité a éclaté sur cette escroquerie criminelle, on peut se demander si les pays et les peuples les plus lésés ne seraient pas en droit d’exiger réparation.