Le Fonds monétaire asiatique (FMA), créé par les dix pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean : Indonésie, Malaisie Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt-nam, Laos, Birmanie et Cambodge), et la Chine, la Corée du Sud et le Japon, est entré en fonction le 23 mars dernier.
La coopération monétaire régionale avait débuté en décembre 2009, avec la signature d’un accord de multilatéralisation de l’Initiative de Chiang Mai (CMIM). Avec la création d’un fonds commun de réserves de 120 milliards de dollars, il est destiné à « renforcer la capacité de la région à se préserver des risques accrus et des difficultés posées par la globalisation de l’économie ». En 1997, la Thaïlande, l’Indonésie et la Corée du Sud avaient dû emprunter au FMI plus de 100 milliards de dollars pour faire face à une pénurie de devises. Aujourd’hui, les réserves totales des partenaires (à l’exception de Brunei et de la Birmanie) s’élèveraient à 4 100 milliards de dollars, dont la moitié pour la Chine. Ce pays et le Japon ont versé au fonds 38,4 milliards de dollars, soit 64 % des réserves du FMA. La Corée 19,3 milliards (16 %) et les pays de l’Asean 24 milliards (20 %).
Les questions monétaires se discutent désormais entre États partenaires et non plus avec les États-Unis, et le yuan commence à concurrencer le dollar dans les échanges, comme ce fut le cas récemment avec l’Argentine. La région Asie-Pacifique, dominée jusqu’ici par les États-Unis et le Japon, s’organise désormais autour de la nouvelle puissance économique chinoise.
Inde/Chine : je t’aime moi non plus
Selon les responsables chinois, les échanges de leur pays avec l’Inde vont s’élever à près de 60 milliards de dollars cette année. Un véritable bond par rapport à 1990, où le commerce bilatéral n’était qu’à 260 millions de dollars. La Chine est peut-être le premier partenaire de l’Inde, dont la croissance sera de 9,5% cette année. Mais des deux côtés fusent les reproches. L’Inde a interdit les importations chinoises de téléphones mobiles non identifiés (utilisables par les terroristes, disent les Indiens), de jouets et du chocolat. Plus sérieusement, la balance commerciale est en défaveur de l’Inde qui exporte surtout des matières premières à la Chine : des métaux ferreux principalement, qui reviennent ensuite en produits finis. L’Inde veut que la Chine mette fin aux obstacles aux ventes indiennes d’informatique, des films de Bollywood (photo) et des produits alimentaires frais. Des sociétés indiennes veulent investir en Chine dans les secteurs de la pharmacie et des technologies de l’information. Et les sociétés high tech chinoises aimeraient s’activer plus en Inde. Des grincements aussi hors du domaine économique : la présence de la marine chinoise dans l’océan Indien et la mer Arabe ainsi que son alliance avec le Pakistan sont mal vues à Delhi. Comme le sont, à Pékin, les rapports trop amicaux de l’Inde avec les États-Unis.