Les forces de l’Otan engagées en Afghanistan subissent de sérieux revers. L’inefficacité de la police afghane est également pointée du doigt par les Américains.
Les nouvelles en provenance d’Afghanistan sont très mauvaises pour l’Otan. Au moment où les pays occidentaux s’enlisent en Libye dans une guerre perdue d’avance, en Afghanistan les Talibans redoublent de férocité et leur assènent des coups décisifs. Il y a deux jours, ils ont réussi à faire évader plus de 500 détenus talibans d'une prison, montrant l’inefficacité de la police afghane.
Le patron d'Interpol, Ronald Noble, affirme qu'avec des milliards de dollars dépensés chaque année en Afghanistan, "l'échec de la formation et de la capacité des autorités afghanes à collecter, stocker et partager des informations aussi basiques que des photographies, des empreintes ou de l'ADN est la marque d'une faille inacceptable de la sécurité".
"Il est simplement choquant que trois ans après la plus importante évasion de l'histoire de l'Afghanistan (…), il n'existe toujours pas de base de données à partager", souligne le secrétaire général de l'organisation de coopération policière internationale. Il rappelle qu'en juin 2008, 900 détenus s'étaient déjà évadés de cette même prison de Kandahar.
Le mercredi 27 avril, un nouveau coup dur a été asséné à l’armée américaine. Ce jour-là, neuf Américains – huit militaires de l'Isaf et un civil sous contrat – ont été tués dans une fusillade à l'aéroport de Kaboul, théoriquement bien protégé, avec leurs homologues afghans. Le bilan a été confirmé à Washington par un porte-parole du ministère américain de la Défense, David Lapan.
Cet incident – l'un des plus graves entre militaires afghans et alliés – fait suite à une série d'attaques par des membres des forces de sécurité afghanes contre leurs alliés de l'Otan. Ces attaques sont principalement le fait de soldats en rupture de ban ou d'insurgés ayant infiltré les rangs de l'armée.
Dans un communiqué laconique, l'Isaf s'est bornée à donner le bilan des victimes et le lieu de la fusillade sans s'étendre sur les circonstances et les motivations précises. Le ministère afghan de la Défense avait auparavant publié un communiqué faisant état de morts et de blessés lors d'un échange de tirs impliquant l'un de ses pilotes.
D'après ce communiqué, la fusillade a fait suite à une dispute. Des médias afghans affirment qu'un pilote chevronné de l'armée de l'air a ouvert le feu sur les militaires de l'Isaf.
Les taliban ont, pour leur part, revendiqué l'action en affirmant dans un communiqué qu'un des leurs, un certain Azizullah, avait, revêtu d'un uniforme militaire, mené une attaque après avoir réussi à pénétrer dans l'enceinte.
"(Il) a vidé son arme sur de nombreux militaires étrangers et afghans qui se trouvaient dans un hangar, tuant neuf soldats étrangers et cinq militaires afghans", a dit un porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid.
Début avril, un policier afghan avait abattu deux militaires américains de l'Isaf affectés à des missions d'entraînement dans la province de Faryab, dans le nord du pays.
Le recrutement accéléré dans les rangs des forces de sécurité afghanes, fait peser le risque d'une infiltration de la rébellion islamiste.
Cette dégradation de la situation sécuritaire dans ce pays n’est pas de nature à encourager les pays de l’Alliance atlantique, encore hésitants, à s’engager plus en avant dans le bourbier libyen. Les plans de débarquement terrestres pour renverser le régime de Kadhafi pourraient être retardés, voire annulés.