Quel avenir pour le camp d’Achraf après le retrait total des forces américaines de l’Irak prévu avant la fin de cette année 2011 ?
L'évacuation de ce camp, situé à quelques encablures de la capitale irakienne et où résident quelque 3.400 opposants iraniens désarmés, doit être ajournée, sous peine que s'y produise un massacre, a affirmé mercredi 26 octobre le président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Irak.
Le gouvernement irakien, qui a demandé la fermeture de ce camp, situé à 65 km au nord-est de Bagdad, pour la fin de l'année, s'apprête à y commettre un massacre pour complaire à l'Iran, a ajouté Struan Stevenson, un conservateur britannique, lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
« Une bataille se prépare autour du camp d'Achraf en vue de supprimer physiquement ses occupants », a-t-il dit, évoquant une source anonyme au sein des Nations unies.
Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, refuserait de coopérer avec l'Onu pour la tenue des entretiens préalables à l'octroi du statut de réfugié qui doit permettre aux réfugiés d'Achraf d'être accueillis en Europe ou aux Etats-Unis.
« Ces entretiens n'ont pas commencé. On les bloque délibérément », a affirmé Struan Stevenson.
Une opération menée le 8 avril dernier contre le camp d'Achraf par l'armée irakienne a fait 34 morts, selon l'Onu, et 345 blessés selon l'Organisation des moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI), les opposants au régime de Téhéran qui y sont installés depuis vingt ans avec l’accord du gouvernement irakien de l’époque.
Une déclaration du Parlement européen demandant aux Etats-Unis et au Conseil de sécurité des Nations unies d'imposer un moratoire à Bagdad pour la fermeture du camp, avait recueilli mercredi 26 octobre 120 signatures émanant de tous les groupes politiques.
Les pétitionnaires « demandent instamment » à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, aux Etats membres de l'UE, à l'ONU et aux Etats-Unis de faire pression sur le gouvernement irakien pour qu'il renonce à son projet de fermer le camp d'ici au 31 décembre.
L'Union européenne et d'autres pays occidentaux sont prêts à accueillir les résidents du camp, mais le processus est bloqué par « des obstacles mis en place par le Premier ministre irakien lui-même, à cause de pressions venues d'Iran ».
« Or l'Iran veut que les résidents du camp soient éliminés », a ajouté l'élu écossais, qui évoque le risque d'un « massacre à la Srebenica » et appelle la communauté internationale à agir « avant qu'il ne soit trop tard ».
La semaine dernière, la dirigeante du principal mouvement d'opposition iranien en exil, Maryam Radjavi, avait évoqué le risque d'une attaque « imminente » du camp d'Achraf par les forces irakiennes, laquelle pourrait conduire à un « bain de sang ».
Déclarés hors-la-loi en 1981 par le régime islamiste au pouvoir à Téhéran, les Moudjahidine du peuple ont été accueillis quelques années plus tard en Irak, en pleine guerre contre l'Iran.
Le camp d'Achraf a été désarmé après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis et leurs alliés, en 2003. Les Américains ont alors assuré la sécurité du camp avant de la transmettre en 2010 aux Irakiens.
Les Moudjahidine, qui demeurent des opposants résolus au régime iranien, sont depuis lors un sujet de contentieux entre Bagdad et Téhéran.
Avec Reuter’s et AFP