D’intenses rumeurs circulent sur des comportements « non éthiques » qui auraient conduit à favoriser la candidature du Qatar au détriment d’autres pays.
On connaît la légendaire corruption des Emirs du Golfe qui croient pouvoir tout acheter avec leurs pétrodollars. L'Emir du Qatar et ses hommes de main ont-ils acheté le vote de certains délégués lors de l'attribution en décembre dernier du Mondial au Qatar en 2022, à la grande surprise générale ? Car étant donné les conditions climatiques, l'absence de public et d'infrastructures sportives, le manque d'attractions touristiques, personne n'avait alors parié sur le choix de cette monarchie gazière et pétrolière pour organiser un tel événement planétaire qui nécessitera un investissement de près de cent milliards de dollars en pure perte. Mais la famille régnante tenait absolument, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le sport, à se procurer ce « jouet ».
Depuis ce choix scandaleux, des soupçons de corruption commençaient à apparaître d'une manière persistante, ce qui a amené le président de la FIFA, Sepp Blatter, à ne plus exclure la possibilité de mettre en place un nouveau vote. Il l'a fait savoir dans un entretien à Associated Press. Mais ce re-vote ne sera mis en place que si la corruption était prouvée après enquête minutieuse. «Ne me demandez pas de dire oui ou non aujourd'hui. Laissez-nous procéder pas à pas », a-t-il déclaré.
Ces propos interviennent alors la Fédération anglaise de football a annoncé via un communiqué officiel qu'elle s'abstiendrait lors de la prochaine élection présidentielle de la FIA. Celle-ci se tiendra le 1er juin prochain et opposera l'actuel président suisse à son homologue de la Confédération asiatique de football, le Qatari Mohammed Bin Hamman. «Il y a une série de sujets, récents et actuels, très largement relayés qui rendent difficile le support d'un candidat ou de l'autre», précise le communiqué qui alimente un peu plus le climat de suspicion dans les hautes sphères du football mondial. Blatter a d'ailleurs réagi à cette décision, en faisant part de son incompréhension : « C'est un peu étrange. La première fédération au monde, la FA, a le choix entre deux candidats et elle ne peut prendre de décision pour apporter son soutien. C'est étrange. »
La FIFA va écouter un informateur. C'est d'ailleurs en Angleterre que le scandale s'était déclenché le 11 mai dernier. Lord David Triesman, ex-président du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018 (qui avait été éliminée dès le premier tour du scrutin remporté par la Russie), avait dénoncé des comportements « incorrects et non éthiques » autour des votes. En réponse à ces accusations, la FIFA a accepté de s'entretenir prochainement avec un informateur qui disposerait de preuves sur d'éventuels pots de vin. Certains membres du comité exécutif de la FIFA auraient touché 1 million d'euros environ pour voter en faveur du Qatar plutôt que pour les Etats-Unis lors du dernier tour. Affaire à suivre.