La rencontre opposant Zamalek au Club Africain a été annulée à trois minutes de sa fin, après que les supporters de Zamalek eurent envahi le terrain du stade du Caire.
Date : samedi 2 avril. Evénement : Match retour des 16es de finale de la Ligue des champions d’Afrique. Lieu : Stade du Caire. Le stade était archicomble des 70 000 supporters zamalkouis venus supporter leur club dans sa mission difficile contre la formation tunisienne du Club Africain.
La rencontre s’est passée dans le calme malgré les difficultés techniques dont souffraient les joueurs de Zamalek tout au long de la rencontre.
A quatre minutes de la fin de la rencontre, les Blancs menaient 2-1. Ils recherchaient un troisième but susceptible de déterminer la qualification de Zamalek pour le tour suivant (ndlr : Zamalek avait perdu lors du match aller 2-4, il y a deux semaines, au stade de Radès).
L’arbitre algérien a annulé un but d’Ahmad Gaafar, suite à la décision de son assistant, déclarant un hors-jeu contre Zamalek. Une décision qui a suscité la colère dans les gradins du stade du Caire.
Il est vrai que la décision de l’arbitre était correcte, mais les supporters n’ont pas digéré cette décision. Une minute après, l’arbitre a refusé un penalty à l’attaquant ivoirien de Zamalek Abou-Kouné qui a subi une intervention illégale de la part du défenseur tunisien dans la surface de réparation.
Soudain, tout a basculé : les supporters de Zamalek ont envahi le terrain. Au début, c’était un tout petit groupe qui a envahi la pelouse, mais la situation s’est aggravée. Des supporters déchaînés ont attaqué l’arbitre et les joueurs du club tunisien. Ils ont carrément saccagé les buts sous l’œil des forces de l’ordre qui étaient comme des spectateurs. Ces scènes de violence ont été retransmises en direct à la télévision. Ce qui a donné une très mauvaise impression sur la situation actuelle en Egypte. Malgré le comportement sportif des joueurs de Zamalek, qui ont essayé de protéger les joueurs du Club Africain et l’arbitre, certains supporters ont réussi à les agresser. Résultat : 9 blessés dans les rangs de la délégation tunisienne, dont deux hospitalisés. Selon une source médicale, les blessures sont légères et les joueurs ont quitté rapidement l’hôpital.
Suite à ces incidents, les responsables égyptiens ont dénoncé ces actes de violence, à l’image de Essam Charaf, le premier ministre, qui a présenté des excuses à la Tunisie. « Le premier ministre Essam Charaf a présenté au nom de son gouvernement des excuses au gouvernement et peuple tunisiens, aux joueurs du Club Africain, ainsi qu’à l’arbitre algérien, pour ce qui s’est passé au stade du Caire », a déclaré le premier ministre égyptien.
« Je suis tellement choqué par les incidents qui ont eu lieu lors de la rencontre au stade du Caire. C’est très loin du sport. Je présente mes excuses au peuple tunisien », ajoute Galal Ibrahim, président de Zamalek.
Le premier ministre a également ordonné au ministre de l’Intérieur l’ouverture d’une enquête concernant la passivité des forces de l’ordre lors de ces incidents.
De sa part, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué dénonçant le comportement antisportif des supporters de Zamalek, en précisant que les policiers présents sont intervenus avec sagesse et ont fait preuve de retenue, afin d’éviter des conséquences graves.
Sanctions attendues
Il est évident que Zamalek fera l’objet de sanctions sévères à cause du comportement antisportif de ses supporters, vu que le hôte de la rencontre assume la responsabilité de la sécurité.
La Confédération Africaine de Football (CAF) a déclaré dimanche que les incidents de cette rencontre ne seront pas étudiés par le comité de discipline de la CAF, chargé d’habitude de discuter toute irrégularité d’ordre disciplinaire, mais elle va créer un comité spécial pour cette rencontre, pour discuter les rapports de l’arbitre et du contrôleur de la rencontre avant de donner sa décision finale concernant cette rencontre agitée.
Mais le plus grand danger c’est que la CAF pourra déclarer l’Egypte comme un terrain non sécurisé. En conséquence, les clubs égyptiens participant aux compétitions africaines interclubs, comme Ahli et Haras Al-Hodoud, et la sélection égyptienne ne pourront pas jouer à domicile.
Selon l’article 5 du règlement des compétitions de la CAF, les rencontres seront déplacées des pays en guerre, en guerre civile ou en instabilité interne.
Selon l’alinéa 15 du même article, les matchs aller-retour seront limités à une seule rencontre sur le terrain de l’adversaire et le vainqueur se qualifie directement au tour suivant, un exemple appliqué à l’ASEC d’Abidjan.
En ce qui concerne les matchs de la sélection, ils seront déplacés sur un terrain neutre en cas de déclaration d’un pays comme étant non sûr. Ce qui peut être une très mauvaise nouvelle pour Hassan Chéhata et son cadre technique, vu la situation critique de la sélection nationale dans son groupe, qui risque d’être éliminée des qualifications de la CAN pour la première fois de l’Histoire.
Le Championnat en question
Les incidents qui ont eu lieu au Stade du Caire ont remis en question le sort du Championnat, surtout que le premier ministre égyptien a demandé à Hassan Saqr, président du Conseil national du sport, de reporter la reprise du Championnat, prévue auparavant au 12 avril prochain, pour une durée indéterminée.
Saqr s’est réuni dimanche avec Samir Zaher, président de la Fédération égyptienne de football, pour débattre du sort du Championnat. Ce dernier a proposé plusieurs suggestions pour éviter l’annulation du Championnat, comme le fait de disputer les rencontres sur les stades de l’armée et exclure les autres stades.
De même, Zaher a proposé de disputer les rencontres à huis clos ou de permettre aux supporters de l’équipe hôte seulement d’assister aux rencontres. « On fait notre maximum afin d’assurer la reprise du Championnat. A mon avis, son annulation sera une catastrophe pour le football égyptien », déclare Samir Zaher, président de la Fédération égyptienne.
Mais reste que la décision finale sera politique. Selon des sources au sein de la Fédération, la décision attendue sera l’annulation du Championnat.
Source : Ahram Hebdo