Pour contrer l’islamisme et l’actuelle majorité ?
La bataille pour une nouvelle majorité parlementaire vient de redoubler de vigueur avec l’annonce à Rabat, le mercredi 5 octobre, de la naissance d’une nouvelle « coalition pour la démocratie » regroupant huit partis : le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union constitutionnelle (UC), le Mouvement populaire (MP), le parti Authenticité et modernité (PAM), le Parti socialiste (PS), le Parti de la Gauche verte (PGV), le Parti travailliste (PT) et le Parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV).
L'objectif de ce rassemblement de partis de centre gauche est « la formation d'une grande coalition nationale qui regroupe les forces ayant adopté et triomphalement soutenu le projet sociétal pour la démocratie et la modernité », selon la plate-forme présentée lors d’un point de presse annonçant sa création.
Cette coalition « veut cristalliser une offre politique basée sur un positionnement et un programme clairement définis et portés par une coalition de partis avec des composantes lucides », soulignent ses promoteurs. Ce projet se veut aussi « ouvert à toutes les perspectives d'innovation et du changement. »
Pour ce faire, ces partis ont décidé de procéder à la cristallisation d'une méthodologie de coordination qui repose sur la flexibilité et l'avancement progressif, le but étant de parvenir à un compromis entre les contraintes de la réalité, les nécessités du changement et l'exigence de rationalisation.
Dans cette coalition, « chaque parti politique doit conserver l'indépendance et la souveraineté de ses organes de décision », toujours selon les acteurs de cette formation.
D'autre part, tous les membres de la coalition « s'efforceront de participer pleinement à la conception et mise en œuvre d'un ensemble de mécanismes flexibles rassemblant les différents points de vue et positions des membres, et unifiant les différentes questions. »
Les partis de cette coalition considèrent par ailleurs que « les priorités dictées par la conjoncture actuelle peuvent être perçues dans les domaines suivants: l'achèvement de la construction institutionnelle nationale grâce à la mise en oeuvre de la nouvelle constitution, la bonne mise en œuvre du projet de régionalisation, le renforcement de l'Etat de droit et des institutions, la poursuite et la consolidation des politiques nationales de lutte contre la pauvreté et la précarité, et la mise en place d'une politique économique qui peut conduire à un équilibre créatif entre les répercussions des facteurs externes et l'investissement judicieux des ressources du pays et de ses différents partenariats internationaux économiques. »
Il s'agit également, soulignent-ils, de soutenir les moyens d'ouverture du Maroc à l'environnement étranger par le biais de la construction de l'espace maghrébin et le renforcement de partenariats euro-méditerranéens, tout en étant constamment engagés à l'intégration arabe et à la solidarité avec les pays frères et amis, à la coopération Sud-Sud, et à la construction d'un nouvel ordre mondial œuvrant pour la stabilité et servant la paix et le respect mutuel entre les peuples.
Les partis réaffirment d'autre part que leur rapprochement « n'est en aucun cas instrumentalisé à des fins purement politiques », mais il vise plutôt à promouvoir le rôle pionnier de l'élite politique qui croit fermement en la justice, la démocratie, la modernité et la justice sociale, et ce en étroite liaison avec toutes les forces sociales qui aspirent au changement.
Selon la coalition, l'objectif ultime est de parvenir à un changement qualitatif du mode opératoire des partis politiques marocains et être au niveau des véritables défis auxquels le pays est confronté.
La coordination entre les différentes composantes de la coalition vise principalement à contribuer à la rationalisation et la réhabilitation de l'action partisane, ajoute-t-on. Elle vise également l'assainissement et l'immunisation de la scène politique et ambitionne de répondre à la nécessité d'être plus ouverts aux potentiels émergents et à exercer une pression sociétale issue des jeunes.
La création de cette coalition s’inscrit dans les préparatifs des prochaines élections législatives, prévues avant la fin de l’année, les premières depuis l’adoption cet été d’une nouvelle constitution accordant au chef de la majorité parlementaire des pouvoirs étendus.
En attendant la réaction des autres partis qui forment l’actuelle coalition au pouvoir, notamment l’Istiqlal et l’Union des forces socialistes (USFP), usés par un long exercice du pouvoir, mais également les partis islamistes dans leur diversité, il ne fait pas de doute que cette nouvelle coalition, que certains observateurs pensent être proche du Palais, va dans les semaines à venir, bousculer l’échiquier politique marocain de fond en comble. Affaire à suivre.