Le Département d’Etat prévient les citoyens américains sur « les éventuels troubles » en Syrie
Déçue par le discours de Bachar al-Assad devant les parlementaires syriens, mercredit 30 mars, l’Administration américaine semble pour l’instant hésitante sur la suite à donner aux accusations implicites de « conspiration » portées contre elle. La réaction n’a cependant pas tardé. Un communiqué du State Department publié ce jeudi 31 mars a invité les ressortissants américains à quitter la Syrie. "Le département d'État met en garde les citoyens américains sur la possibilité de troubles politiques et civils en Syrie", indique ce communiqué.
"Nous demandons instamment aux citoyens américains de reporter tout voyage non essentiel. Les citoyens américains se trouvant actuellement en Syrie devraient envisager de quitter le pays", poursuit le communiqué.
"Les tentatives syriennes d'attribuer les troubles actuels à des influences extérieures risquent d'accroître le sentiment hostile aux étrangers", avertit encore le département d'État: "Les citoyens américains arrêtés risquent d'être accusés d'incitation à la violence ou d'espionnage".
En outre, le Département d’État note que la Syrie met en général "des jours, voire des semaines" avant d'informer les États-Unis de l'arrestation de leurs ressortissants.
La diplomatie américaine avait annoncé mardi l'arrestation de trois citoyens américains ces derniers jours à Damas, l'un d'entre eux ayant ensuite été relâché.
Les médias officiels syriens avaient annoncé dimanche 26 mars l'arrestation d'un ressortissant américain, présenté par ces médias comme ayant incité à des manifestations contre le pouvoir.
Cette crispation entre les deux pays intervient quelques semaines après que Barack Obama, passant outre les hésitations du Congrès, a envoyé un ambassadeur à Damas.
Plutôt que de céder devant la pression de la rue, le président syrien ne s’est pas attardé sur les réformes dans son discours, laissant la mise en route des réformes promises à ses adjoints.
Ainsi, le lendemain, il a donné, selon l’agence de presse officielle Sana, « ses directives pour la formation d'une commission chargée d'enquêter sur les événements de Daraa et Lattaquié ».
Une autre commission a été créée : « sur directive du président Bachar al-Assad, la Direction Régionale du Parti Baas Arabe Socialiste a formé une commission groupant un nombre de grands juristes, chargée de mettre au point une législation garantissant la conservation de la sécurité de la Patrie, la dignité du citoyen et la lutte contre le terrorisme, et ce en prélude à la levée de la loi d'urgence. La commission doit achever son étude avant le 25 avril 2011 ».
Le président syrien a également donné les instructions aux autorités compétentes, selon Sana, de procéder au règlement de la question ô combien explosive des Kurdes apatrides. « Le président Bachar al-Assad a ordonné, écrit encore Sana, la constitution d'une commission chargée de régler le problème du recensement organisé en 1962 dans le gouvernorat de Hassaké » situé dans le nord-est du pays. Cette commission doit achever ses travaux avant le 15 avril "afin que le président Assad promulgue un décret adéquat sur ce problème", a encore indiqué l'agence officielle Sana. En 1962, 20 % de la population kurde de Syrie s'était vue priver de leur citoyenneté, à la suite d'un recensement controversé, selon les organisations des droits de l'Homme. A l'époque, le gouvernement avait pris cette décision en arguant que des groupes de Kurdes, venus illégalement des pays voisins, notamment de Turquie, s'étaient installés dans le gouvernorat de Hassaké en 1945 et avait réussi à s'inscrire frauduleusement sur les registres civils syriens. Cette question a empoisonné longtemps les relations entre le gouvernement central et cette communauté. En effet, ces Kurdes sans nationalité vivent un véritable casse-tête : ils ne peuvent pas travailler dans des entreprises publiques ou être fonctionnaires car ils ne sont pas considérés comme des citoyens syriens, et ne peuvent émigrer dans un autre pays car ils ne possèdent pas de passeport.