Fin novembre, la Knesset a voté une loi imposant un référendum avant tout retrait de territoires occupés. Une perfidie qui ne fait qu’entretenir un climat de guerre.
En mai dernier, Dmitri Medvedev a remis à Bachar al-Assad, un message de Shimon Peres affirmant « qu’Israël était prêt à lui céder le Golan en contrepartie de la fin de l’alliance stratégique entre la Syrie et l’Iran ». Dans le même temps, le premier ministre israélien et son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, peaufinaient une loi, déposée en 2008, interdisant toute rétrocession de territoires occupés sans l’accord des deux tiers des députés ou l’organisation préalable d’un referendum général. Dans un pays dominé par l’extrême droite raciste, hostile à la restitution du Golan et de Jérusalem-Est, la nouvelle loi rend pratiquement impossible la signature d’un traité de paix avec les Arabes.
Guerre de l’eau
Interrogé en 2009 sur l’importance du Golan pour Israël, Uzi Arad, conseiller pour la sécurité de Netanyahou, agent du Mossad à Paris en 1987, a répondu : « Pour des raisons stratégiques, militaires et agricoles. Les besoins en eau, en vin et… pour la vue. » On sait que les visées d’Israël sur le sud du Liban et le Golan ne datent pas d’hier. Dès 1919, Chaïm Weizman, président de l’Organisation sioniste mondiale et futur président d’Israël, écrivait à Llyod George, premier ministre britannique, que l’avenir du « Foyer national juif » dépendait de son alimentation en eau provenant des sources du Jourdain, du Mont Hermon et du fleuve Litani. Le général Moshe Dayan, ministre de la Défense « conquérant » du Golan en 1967, a raconté au journaliste Rami Tal que 80 % des tirs syriens sur les kibboutz, dénoncés par Israël, répondaient à des provocations israéliennes. La soi-disant menace que faisait peser Damas sur le nord d’Israël n’était qu’un prétexte pour s’approprier un jour les terres fertiles des paysans syriens.
Loi scélérate
Depuis, le Golan a été annexé. Sa colonisation s’est intensifiée. Plus de 100 000 paysans syriens, druzes pour la plupart, ont été expulsés de leurs terres. Ceux qui restent – environ 18 000 personnes – refusent la nationalité israélienne et manifestent régulièrement leur attachement à la Syrie. Des résolutions de l’Onu exigent la restitution des territoires occupés en juin 1967, mais la communauté internationale est incapable de sanctionner Israël qui ne les respecte pas. La Syrie s’est plaint du détournement des eaux du Golan, du pompage de la nappe phréatique, du percement de tunnels pour entreposer des déchets nucléaires… sans résultat. Elle a négocié la paix avec Israël à chaque fois que l’occasion s’est présentée. La dernière, en 2008, en Turquie, a débouché encore une fois sur une impasse. Comme l’a avoué Yéhuda Harel, représentant des 19 000 colons israéliens du Golan, ce genre de discussion relevait du spectacle…
La houtzpah israélienne – mot yiddish signifiant arrogance – est sans limite. La loi scélérate votée le 22 novembre dernier par la Knesset, imposant un referendum avant tout retrait de territoires occupés, en particulier du Golan et de Jérusalem-Est, conduit mécaniquement à la guerre.