Les pays occidentaux réunis à Deauville vont statuer sur le sort (économique) des pays arabes qui viennent de connaître des processus démocratique : Tunisie et Egypte au premier chef.
Les plus grandes puissances économiques de la planète (Etats-Unis, Russie, Allemagne, Royaume Uni, France, Italie, Canada, Japon) se réunissent jeudi 26 mai à Deauville (Normandie, nord-ouest de la France) pour un sommet du G8 qui sera consacré notamment au soutien qu’elles envisagent d’apporter aux pays arabes pour assurer leur transition démocratique après la chute des dictatures. Elles discuteront aussi de sécurité nucléaire et de la succession à la tête du Fonds Monétaire International (FMI) de Dominique Strauss-Khan, qui a démissionné de ses fonctions après avoir été accusé de violences sexuelles par une femme de chambre new-yorkaise.
Le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont appelé à "un vaste programme de soutien politique et économique" aux pays en transition démocratique, comme la Tunisie et l'Egypte. Le Français Nicolas Sarkozy, hôte de la réunion, veut en faire un "moment fondateur" d'une relation nouvelle entre les pays arabes et les grandes puissances. Le G8 ne discutera pas chiffres. Ce sera l’affaire des grandes institutions financières internationales : FMI, Banque mondiale, éventuellement BERD, la banque européenne s'étant déclarée prête à s’engager auprès des pays arabes concernés après avoir aidé à la transition démocratique de l’Europe de l’est à la suite de l’effondrement de l’URSS.
Premiers sur la liste des éventuels bénéficiaires: l'Egypte et la Tunisie, dont les saisons touristiques 2010 ont été désastreuses, ont chiffré leurs besoins à 10/12 milliards de dollars pour Le Caire jusqu'à la mi-2012, tandis que Tunis demande 25 milliards de dollars sur cinq ans. La Tunisie serait assurée d’obtenir au moins 10 milliards de dollars dans un premier temps pour relancer son économie flageolante et engager des programmes d’emplois en faveur des jeunes diplômés, de réduction des inégalités et d’aménagement du territoire en faveur de l’arrière pays, grand oublié des années Ben Ali.
Les pays occidentaux du G8 veulent aussi accélérer la transition en Libye, où ils ont engagé une opération militaire le 19 mars, et en Syrie.
Le G8 de Deauville sera suivi d’un autre sommet avec les grandes puissances émergentes (Chine, Brésil, Inde, par exemple) en novembre à Cannes (sud-est) pour aller plus avant dans les questions de régulation économique et financière.
Une réunion de concertation avec plusieurs dirigeants africains est prévue vendredi 27 mai. La France a invité l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Guinéen Alpha Condé, et le Nigérien, Mahamadou Issoufou, présentés comme issus de processus démocratiques.
Les moyens de relancer le processus de paix israélo-palestinien seront évoqués, mais personne ne se fait d’illusion sur la capacité du G8 à faire plier Israël, qui vient de nouveau de retoquer brutalement une proposition d’Obama de rouvrir les négociations pour la création d’un Etat palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967. Le Premier ministre israélien Benjamin Natanyahu, plus intransigeant que jamais, est même allé faire la nique au président américain devant le Congrès où il s’est taillé un franc succès historique. Coup de semonce pour le chef de l’exécutif américain candidat à sa propre succession pour un second mandat.