Accusée par la Syrie d’être l’instigatrice des émeutes qui ont ensanglanté la ville frontalière de Derra, près de la Jordanie, le royaume hachémite est à son tour touché par la contestation.
Accusée par la Syrie d’être l’instigatrice des émeutes qui avaient ensanglanté la ville frontalière de Derra, près de la Jordanie, en manipulant notamment certains éléments islamistes qu’il contrôle et instrumentalise, le royaume hachémite est à son tour touché par la contestation. Non loin de Derra. Est-ce la réponse du berger à la bergère ? Certains observateurs le pensent.
Ces émeutes, par leur étendue et par leur mode opératoire, ont laissé dubitatifs les observateurs. Le vendredi 15 avril, après la prière, les émeutiers se sont attaqués aux services d’ordre. Cinquante et un policiers ont été frappés avec "des couteaux, des battes et des outils aiguisés, et 32 ont été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes", selon cette source, qui a également fait état de huit civils "blessés quand la police a tiré des gaz lacrymogènes".
Soixante-dix islamistes ont été arrêtés dans le nord de la Jordanie après ces violentes manifestations.
Le Premier ministre Maarouf Bakhit a accusé ce groupe de faire partie d’une organisation armée, fondée sur une "idéologie obscurantiste", et averti que son gouvernement ferait preuve de fermeté à son égard. Il n’a pas toutefois accusé les services syriens d’en être les instigateurs.
Les suspects, membres du mouvement salafiste (sunnite ultra-conservateur), ont été arrêtés vendredi 15 avril lors de descentes à Zarqa, où ont eu lieu les heurts, et dans la ville voisine de Rassifeh, quelques heures après que des manifestants islamistes eurent attaqué la police, selon la même source.
Dans un premier temps, 120 personnes ont été arrêtées. Cinquante ont été libérées et 70 sont interrogées pour implication présumée dans les violences à Zarqa vendredi 15, a ajouté le responsable sous le couvert de l’anonymat.
Selon un membre du mouvement salafiste interrogé par l’AFP, 22 de ses responsables figurent parmi les personnes détenues, dont son chef, Abdel Chahatah al-Tahawi.
Ces heurts, les plus graves depuis trois semaines dans le pays, ont eu lieu vendredi 15 avril alors que des manifestations anti-gouvernementales étaient organisées dans plusieurs villes de Jordanie.
Le chef de la police, Hussein Majali, avait indiqué dans la soirée que la police était intervenue pour "empêcher les salafistes d’attaquer des gens qui faisaient leurs courses".
Selon M. Majali, "il était clair que ces manifestants avaient prévu d’en découdre avec la police. Ils avaient des épées et des poignards et étaient provocants, cherchant à entraîner la police dans une confrontation sanglante".
Dans des déclarations rapportées par l’agence officielle Petra, M. Bakhit s’en est pris à une "bande d’obscurantistes faisant partie d’une organisation armée et entraînée qui veut torpiller le processus démocratique" dans le pays.
M. Bakhit a averti que son gouvernement serait "ferme et n’hésitera pas à s’attaquer aux racines de ce groupe armé qui sème le sédition, afin de protéger la sécurité du pays".
"Le gouvernement ne tolèrera pas les agissements de ce groupe, dont l’idéologie obscurantiste (…) ne correspond pas du tout aux principes de l’islam", a-t-il ajouté, appelant les forces de sécurité à "pourchasser tous ceux qui ont terrorisé la population et attaqué la police à Zarqa et les traduire devant la justice".
Les salafistes manifestent depuis plusieurs semaines pour demander la libération de leurs partisans emprisonnés, en marge de rassemblements de l’opposition pour des réformes démocratiques.
Il réclament notamment la libération d’Abou Mohammed al-Maqdessi, ancien mentor d’Abou Moussab Zarqaoui, le chef d’Al-Qaïda en Irak tué en 2006 et d’Abou Sayyaf, de son vrai nom Mohammed Chalabi, condamné pour terrorisme après des heurts dans le sud de la Jordanie, en 2002.