Les journalistes sont empêchés d’entrer dans le camp d’Achraf, où l’armée irakienne s’est livrée à un véritable massacre.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) condamne le "blocus de l'information" imposé par les autorités irakiennes autour des affrontements vendredi dans le camp d'Achraf entre l'armée irakienne et les Moudjahidine du peuple.
« Ce blocus de l'information est inacceptable. Les forces de sécurité interdisent l'accès du camp aux journalistes pour cacher les exactions commises contre des civils. Elles attaquent de manière ciblée et délibérée toute personne qui tente de prendre des photos des affrontements », déclare l'organisation dans un communiqué publié samedi 9 avril à Paris.
Selon une source médicale en Irak, au moins trois personnes auraient péri vendredi 8 avril dans le camp situé à 80 km au nord de Bagdad, à la suite de ces heurts. Les opposants iraniens parlent eux de 31 victimes et de 300 blessés.
RSF avance de son côté, sans préciser de source, qu'une "attaque de l'armée a fait près de trente morts et de nombreux blessés parmi les résidents du camp", dans son communiqué.
"Selon plusieurs médias, le camp est encerclé par des blindés et des camions de l'armée. Les journalistes ont été contraints de rester aux portes du camp, aucun professionnel de l'information n'étant toléré à l'intérieur", ajoute RSF.
L'organisation rappelle que l'accès au camp, placé sous la responsabilité des autorités irakiennes en janvier 2009, est interdit aux journalistes depuis "le 28 juillet 2009, suite à des affrontements entre l'armée irakienne et les résidents".
Selon le département d'Etat américain, l'armée et le gouvernement irakiens "ont été à l'origine" des violences vendredi 8 avril, même si Washington reconnaît ne pas disposer de tous les éléments pour se prononcer.
Quelque 3 500 sympathisants des Moudjahidine du peuple, principal mouvement d'opposition extérieur au régime iranien, vivent dans le camp d'Ashraf.
Déclarés hors-la-loi en 1981 par le régime islamiste au pouvoir à Téhéran, les Moudjahidine du peuple ont été accueillis quelques années plus tard en Irak, en pleine guerre contre l'Iran, et ses militants ont combattu aux côtés des forces de Saddam Hussein. Désarmés après le renversement de ce dernier en 2003, ils sont depuis lors un sujet de contentieux entre Bagdad et Téhéran.
De son côté, Maryam Radjavi, présidente élue par la résistance iranienne, a lancé un appel « à une intervention immédiate de l’ONU et des Etats-Unis pour sauver les blessés d’Achraf »
« A la suite du crime effroyable et inhumain de Maliki commis à Achraf sur ordre de Khamenei le guide suprême des mollahs », elle a salué dans un message « la mémoire des Achrafiens tombés martyrs ». « La multitude de blessés, a-t-elle dit, en raison des méthodes inhumaines des bataillons de Maliki, à la manière des bataillons de Kadhafi, et en raison de l’absence de moyens médicaux, ont fait que le nombre de morts n’a cessé d’augmenter d’heure en heure ».
Maryam Radjavi demande dans son appel à l’ONU et aux forces américaines « d’agir sur le champ pour soigner les blessés qui ont un besoin urgent de traitement médical et de lever les obstacles que Maliki posent pour entrer à Achraf, constater ce qui s’y passe, informer là-dessus et publier un rapport complet des événements de ce vendredi sanglant à Achraf pour en informer l’opinion publique. »
Source : AFP